Créées pour dénoncer les injustices, inciter à la paix et à la cohésion sociale, les organisations de la société civiles jouent-elles pleinement leur rôle ? C’est la question que beaucoup d’Ivoiriens se posent.
« Comment, dans la solidarité, la société civile peut-elle contribuer aux règlements des problèmes sociaux ? », c’est sur ce thème que la Forum des Organisations de la société civile (FORSCI) a organisé dernièrement un atelier de réflexion à Cocody. Une réflexion qui arrive au moment où il est de plus en plus question du rôle « ambigu » de la société civile dans la vie politique et sociale du pays. Pour Pulchérie Gbalet, Présidente du FORSCI, un besoin de solidarité s’impose clairement au sein des mouvements. Il appartient aux organisations de la société civile elles-mêmes de répondre à cette question cruciale, pour décider de comment y parvenir, dans l’intérêt supérieur du peuple ivoirien, d’après la Présidente de FORCI.
Inexistantes ? Si la problématique n’est pas nouvelle, la prise de position des organisations de la société civile dans les crises en Côte d’Ivoire a toujours été sujette à débats. Quand elles ne sont pas traitées de timorées, on les juge partisanes ou carrément politisées. Pour Dr Christophe Kouamé, Président de CIVIS, une organisation de la société civile, c’est plutôt une mauvaise lecture de la situation. « Chaque fois que cela a été nécessaire, nous nous sommes exprimés. Mais posez-vous la question de savoir qui est-ce qu’on appelle société civile ? Ce sont les magistrats, les avocats, les journalistes, etc. », explique Dr Kouamé. Pulchérie Gbalet estime que « les leaders des organisations de lutte sont intimidés et victimes de violences. Certains leaders syndicaux sont enlevés et emprisonnés. Les libertés sont bafouées ». Une situation qui, à l’entendre, montre la prise de position des organisations de la société civile quand il le faut. Pour ce qui est de savoir si ces organisations parviennent à faire évoluer les choses, Dr Christophe Kouamé ajoute que les choses sont en train de changer. De l’inaction de certains on passe de plus en plus à des actions, aux dires du haut cadre. Pourtant, peu d’Ivoiriens sont de cet avis. Ils estiment plutôt que la société civile s’est laissé emballer par les politiques et certains groupes économiques, si bien qu’elle se présente divisée et incapable de porter un projet commun. Allusion faite à sa mésentente autour de l’installation de la nouvelle CEI et lors de l’élection aux différents postes électifs de cette institution. « Parfois, l’on se demande si elle existe sous nos cieux », estiment les critiques les plus acerbes.
Raphaël TANOH