Après plusieurs mois de blocages liés à l’élection du futur président de la FIF, la FIFA a décidé, le 24 décembre 2020 de mettre la FIF sous tutelle par l’installation d’un Comité de normalisation (CONOR-FIF). Si la décision est tombée comme un coup de massue, l’instance mondiale du football dit vouloir apporter une stabilité au football ivoirien plongé dans une crise qui perdure depuis quelques années. Et pour mener à bien cette mission, elle a décidé de la confier à une dame de fer, Mme Mariam Dao Gabala. Si la tache semble ne pas être facile, la sénatrice ivoirienne se dit prête à aller jusqu’au bout de la mission pour remettre le football ivoirien sur les rails. Et ses débuts sont prometteurs.
Après une longue période de silence, suite à la suspension du processus électoral à la présidence de la Fédération ivoirienne de football (FIF), la FIFA a fini par répondre aux dirigeants fédéraux par sa décision de mettre la FIF sous l’autorité d’un comité de normalisation (CONOR-FIF). La FIFA a estimé que les instances dirigeantes du football ivoirien ne sont pas parvenues à organiser une procédure électorale conforme aux exigences statutaires et réglementaires applicables à toutes les associations membres de la FIFA. L’instance dirigeante du football mondial a aussi tenu compte du fait que le mandat de l’Exécutif a déjà pris fin. Par cette décision controversée, la FIFA met fin au mandat du comité exécutif et engage la voie d’un nouveau processus électoral. Elle décide alors de la mise en place d’un comité de normalisation. Ce Comité de normalisation est dirigé depuis lors par une femme et pas la moindre en la personne de Mariam Dao Gabala. Avec un esprit forgé à relever les défis, la militante ivoirienne pour les droits des femmes de 61 ans ne compte pas faillir à sa mission.
Un C.V bien garni Sénatrice depuis avril 2019, Mariam Dao Gabala est aussi présidente directrice générale de MDG Consulting and Investment Firm. Puis ambassadrice de la Paix, Chaire UNESCO, présidente internationale de SOLIDARIDAD (chair of both the International Supervisory Board and Africa Continental supervisory Board) et présidente de l’International Christian Leadership Institute. Pour ne citer que ceux-là. Diplômée de la prestigieuse Ecole Supérieure de Commerce d’Abidjan (ESCA) de l’Institut National Polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INPHB) de Yamoussoukro, Mariam DAO Gabala a poursuivi des études supérieures de finance en France, à HEC/CFC Paris de Septembre 1983 à Mars 1984. Puis à HEC Montréal en Juillet 2007. En 2011, elle passe avec succès le First Advanced Management Program de IESE Business School à Abidjan et à Barcelona. Pendant les vingt dernières années, Mariam DAO Gabala a consacré sa carrière à OIKOCREDIT pour booster le développement en Afrique de l’Ouest à travers le financement des organisations de base, des institutions de micro finance et des PME socialement responsables. Mariam Dao Gabala a une carrière professionnelle hors pair qui se situe entre valorisation de la femme et engagement dans le développement du secteur financier et de l’inclusion financière. Elle compte plusieurs distinctions à son actif notamment dans les secteurs de l’éducation de la jeune fille, de la santé et de l’autonomisation de la femme. Femme de médiation habituée au redressement d’organisation internationales, Mme Gabala a la parfaite maitrise de son sujet. « Beaucoup ne la connaissent pas. Elle est professionnelle et très rigoureuse. Elle a l’habitude de gérer les entreprises en faillite ou d’autres entreprises financières. Elle a une compétence avérée dans le domaine financier et dans le rapport aux hommes. Elle a l’habitude de travailler en situation de crise, de pression et d’urgence. Maintenant, elle est dans le monde du football, le temple de toutes les émotions. Il faut être patient, savoir écouter et prendre la bonne décision au bon moment », témoigne, le consultant sportif, Fernand Dédéh.
Engagée Mis en place le 14 janvier 2021, le Comité de normalisation à quatre missions pour redresser le football ivoirien, tout en ne se démarquant pas de ses valeurs de transparence, de responsabilité citoyenne et de professionnalisme. Gestion des affaires courantes de la FIF avec entre autres la reprise du championnat, révision et mise à niveau des statuts, constitution du dossier électoral de la commission électorale afin d’aller aux élections du président de la FIF et enfin, révision des statuts de certaines parties prenantes. Si elle a déclaré être habituée à des missions difficiles, la présidente du Comité de normalisation est déjà à la manœuvre. D’ailleurs, le vendredi 12 février 2021, elle a annoncé la reprise du championnat national de première division (Ligue 1). La saison 2021 débutera le 19 mars prochain pour prendre fin le 27 juin. Ce sera un championnat à deux Poules de 7 équipes chacune avec une super division. Quant à la Ligue 2, elle débutera le 26 mars 2021 et s’achèvera en juillet prochain avec trois Poules de huit équipes. Et enfin, la D3 et le football féminin débuteront en avril. En ce qui concerne les ressources financières devant permettre la reprise des compétitions, la sénatrice s’est voulu claire. « On ne peut pas commencer un championnat sans moyen financier. Nous allons apporter cet oxygène aux clubs. Les financements sont là et permettront de redémarrer », rassure Mme Gabala, puis de prévenir « Mais à situation exceptionnelle, financement aussi exceptionnel. » Une première mission déjà réussi pour l’ambassadrice de la paix et qui est même parvenu à réaliser un exploit en mettant un terme au bicéphalisme qui régnait depuis quelques années au sein du club de l’Africa Sport d’Abidjan. « Sur la question de l’Africa Sport d’Abidjan, le temps des conciliations est passé. Où les dirigeants de l’Africa règlent leurs problèmes, conformément aux statuts et règlements intérieurs de leur club où ils se mettent à l’écart. Le comité de normalisation a un an pour remettre les clés de la maison à la nouvelle équipe dirigeante de la FIF. Il ne peut pas passer un an à régler les problèmes internes à un club », commente, un observateur du football local.
Autres patates chaudes Si elle est parvenue à mettre fin au contrat du directeur exécutif de la FIF, le préfet hors grade Jean-Baptiste Sam Etiassé pour divergence de vision, Mariam Dao Gabala affirme ne pas venir pour faire une chasse aux sorcières. « Nous sommes venues apporter les médicaments nécessaires. On ne peut pas venir apaiser une maison en prenant parti dans le conflit », dit-elle. La transparence étant de mise, un audit financier est annoncé pour très bientôt afin de situer les responsabilités et présenter un véritable état financier de la Maison de verre, afin de trouver le remède sensé faire avancer le football ivoirien. « Nous avons décidé qu’il faut d’abord donner de l’oxygène à l’institution, avant de faire un diagnostic complet pour savoir quelles sont les causes réelles du mal afin de trouver les médicaments appropriés », précise-t-elle. Plusieurs dossiers chauds devront être résolus par la sénatrice, notamment la problématique liée à la montée et à la descente des clubs. Accompagnée d’une équipe forte composée d’hommes de droit à savoir, l’ex-ministre, Martin Bléou et Maître Simon Abé, Mariam Dao Gabala entend régler chaque dossier afin de permettre à flot, le football ivoirien, dont les acteurs semblent bien épuisés par la crise qu’elle vit. Elle devra au finish et c’est là qu’elle est attendue, valider les candidatures et organiser des élections transparentes avec des résultats acceptés de tous. Même si elle a fait des petits pas encourageants, elle sera jugée sur chacune de ces décisions tout en prenant soin de ne pas mettre dos à dos les différents acteurs mais de remettre surtout la balle au centre.
Anthony NIAMKE