Après avoir gagné l’appel d’offres pour la confection des cartes nationales d’identité ivoiriennes, les vieux démons semble ressurgir pour le belge SEMLEX. Des expériences dans d’autres pays semblent en effet ne pas convaincre.
La concurrence était pourtant rude. Entre autres avec les structures de l’homme d’affaire ivoirien Adama Bictogo associé à un belge, SNEIDAI - ZETES, la Néerlandaise Gemalto, la Française IDEMIA (ex-Morpho). SEMLEX a remporté presque haut les mains l’appel d’offres lancé en 2018 pour la confection des cartes nationales d’identité ivoiriennes (CNI). Créé en 1992, SEMLEX, spécialisé dans les solutions d’identification biométrique, met depuis plus de 25 ans son expertise au service des gouvernements, organismes internationaux, pays en voie de développement et populations les plus démunies. Présent dans le monde entier, notamment en Europe, SEMLEX intervient beaucoup sur le continent africain, notamment au Tchad, au Gabon, en Guinée Bissau et à Madagascar.
Structure douteuse ? Le gouvernement ivoirien, désireux de renforcer sa gouvernance administrative et surtout sécuritaire, pour améliorer les conditions de vie des citoyens, avait décidé de la mise en place du Registre national des personnes physiques (RNPP). Lequel registre consiste entre autres à l’association à chaque personne sur le territoire (Ivoirien, étranger résident ou de passage), un numéro d’identification unique. Un numéro qui figurera sur tous les actes de la vie de chacun. Un chantier titanesque, qui devrait permettre de fabriquer les nouvelles cartes d’identité aux normes CEDEAO, cartes dont les premières sont attendues dès la fin du mois de juin. Mais SEMLEX sent parfois le soufre. Implanté dans une douzaine de pays africains, son nom a été associé au scandale des passeports congolais, il y a deux ans. Des passeports biométriques facturés 185 dollars pièce (environ 85 000 francs CFA) sur lesquels l’État ne percevait qu’un tiers. Un autre tiers revenant à SEMLEX et le reste disparaissant dans une société offshore.
Albert Karaziwan, son PDG, avait fait l’objet de perquisitions par la justice en 2018, visé par une enquête pour blanchiment d'argent et corruption, selon le parquet fédéral belge. Suspecté de pratiques douteuses dans d’autres pays également, SEMLEX s’est toujours défendu en se disant victime d’une campagne médiatique et réfute ces accusations.
Combattre la fraude Pour les 7 millions d’Ivoiriens qui prétendent à une nouvelle CNI, le plus important sera la célérité et la transparence dans le processus. Une anticipation des futures élections présidentielles. Me Yacouba Doumbia, Président du Mouvement ivoirien des droits de l’homme (MIDH), parle surtout d’apaiser tout ce qui se dit autour de la production des cartes nationales d’identité. Par exemple, l’existence de laboratoires clandestins. « Il faut que les prochaines CNI soient produites dans la transparence», insiste-t-il.
Ouakaltio OUATTARA