Se trouver un toit relève du parcours de combattant. Entre augmentation des prix des loyers et cautions trop élevées, les locataires abidjanais ne peuvent que subir le diktat des propriétaires.
« Pour trouver un logement à Abidjan, il faut se lever tôt ! ». Ces propos, on les entend très souvent dans la capitale économique ivoirienne. La question du logement a toujours été un casse-tête pour les populations du District d’Abidjan. En plus des démarcheurs, qui font la loi, les prix des cautions varient d’une maison à une autre, sans que cela ne repose sur des bases clairement préétablies. Un tel calvaire ne vous épargne pas les augmentations du prix de loyer par un propriétaire en fonction de ses humeurs ou de l’évolution démographique ou infrastructurelle de la zone. Les coûts de location sont onéreux et aucune commune d’Abidjan n’y échappe. Pour ce qui est des cautions, il est à croire que les propriétaires se sont passé le mot, dans la mesure où c’est partout similaire. La caution minimum s’élève à six, voire douze mois de loyer pour un studio, qui coûte environ 75 000 francs CFA si vous êtes dans la commune de Cocody, et environ 50 000 francs pour les autres. Pour une maison de deux pièces, il faut compter au moins 100 000 francs CFA mensuels. Comme quoi, pour se loger à Abidjan, il faut avoir le cœur bien accroché et les moyens adéquats.
Gouvernement impuissant ? En juillet 2017, le gouvernement prenait un décret exigeant des propriétaires de logements la fixation des montants de caution et d’avance de loyers à quatre mois cumulés au maximum. Un décret qui, a priori, dans un marché libéralisé est difficilement applicable, car la loi de l’offre et de la demande s’impose. Tant que la population abidjanaise continuera d’augmenter et que le nombre de logements disponibles ne suivra pas, le problème se posera toujours. Selon les chiffres officiels de l’immobilier, le déficit en logements est évalué à 400 000 unités, dont 200 000 pour le seul District d’Abidjan. Il croît de l’ordre de 10% chaque année, entraînant inévitablement une hausse des loyers, en raison de la forte demande. Le 1er mai 2018, lors de la commémoration de la fête du travail, le chef de l’État, Alassane Ouattara, qui s’exprimait devant les centrales syndicales, affirmait que dans le cadre de l’encadrement des loyers et des cautions des maisons, l’adoption d’une loi par l’Assemblée nationale interviendrait dans les semaines à venir. Une annonce qui devrait redonner espoir aux locataires et mettre fin au joug des propriétaires de maison. En théorie peut-être, car les réalités du terrain imposent la prudence.
Anthony NIAMKE