Les musulmans ne seront pas les seuls à célébrer l’Aïd el-kebir, la fête du mouton aussi appelée Tabaski. Du moins, dans sa partie non cultuelle et purement festive. Les autres communautés religieuses seront également au centre des réjouissances.
Quand pointe la fête de Tabaski, difficile, tant dans les rues qu’à table, de faire la distinction entre les musulmans et les autres fidèles. Parés également de boubous ou de bazin, ces derniers font presqu’un avec eux, consacrant le côté festif de la commémoration du sacrifice d’Abraham, symbolisé par son acceptation d’immoler son fils unique, Ismaël (Isaac chez les catholiques et les juifs). Estimée à 42,9% de la population ivoirienne d’après le dernier recensement de 2014, la communauté musulmane n’hésite pas à ripailler avec tous ses voisins.
Soutien et partage En Côte d’Ivoire, la Tabaski est l’affaire de tous. Les autres communautés religieuses, de même que les voisins des musulmans, sont impliqués dans son bon déroulement, car, au-delà de l’aspect retrouvailles avec la famille et les proches, elle est aussi synonyme de partage et de générosité envers les pauvres et les nécessiteux. « La fête de Tabaski de nos frères musulmans nous rappelle à tous la foi d’Abraham, qui n’a pas hésité à mettre sa confiance en Dieu et à lui offrir en sacrifice ce qu’il avait de plus cher. Par ce geste, Abraham notre ancêtre commun, fut comblé de bénédictions et de grâces. Dieu nous invite tous, musulmans comme chrétiens à placer notre confiance en lui », indique Mathieu Kourouma, fidèle chrétien de la paroisse Sainte Thérèse de Marcory. C’est pourquoi, poursuit-il, il n’a jamais hésité à se joindre à ses amis musulmans afin de partager avec eux les mets concoctés, dans l’unité, la fraternité et la joie, tant à l’occasion de leurs fêtes cultuelles que des siennes. « La fête de Tabaski est aussi un moyen de soutenir nos proches musulmans en arborant, tout comme eux, le bazin en signe de soutien », explique Rita Armelle Gnangoran, également chrétienne catholique. Même tableau dans la communauté protestante. Interrogé par JDA, Roméo Konan, fidèle de l’Eglise protestante méthodiste de la commune d’Adjamé, explique que pour lui célébrer cette fête aux côtés des musulmans démontrent l’union et la paix qui règnent entre les différentes religions en Côte d’Ivoire. C’était d’ailleurs le message lancé lors de la Tabaski 2016 par le Président de la Commission épiscopale pour le dialogue interreligieux, Monseigneur Marie-Daniel Dadiet, par ailleurs Archevêque métropolitain de Korhogo, invitant tous les croyants, chrétiens et musulmans, à être des imitateurs de Dieu, miséricordieux et compatissants les uns envers les autres et plus singulièrement envers ceux qui se trouvent confrontés à toutes sortes de difficultés.
Anthony NIAMKE