Les véhicules à 4 roues ne sont pas les seuls à être pointés comme pollueurs en Afrique. Dans de nombreux pays, les motos sont aux premières loges. En Côte d’Ivoire, où ces engins sont sources de désordres, il serait temps de scruter leurs pots d’échappement
C’est un point qui en met beaucoup d’accord, propriétaires comme autorités : les motos font partie des plus grands pollueurs en Afrique. Au Rwanda, par exemple, le gouvernement a mis en place un projet dénommé E-moto destiné à lutter contre la pollution. Lancé en 2010 par Ampersand, une société américaine spécialisée dans la production de véhicules électriques, le projet vise la généralisation de l’e-moto dans tout le pays d’ici 2020.
Pollueurs silencieux En plus d’écarter les motos, jugées non grata à cause de la toxicité de la fumée dégagée par leurs pots d’échappement, le gouvernement rwandais veut faire un pas décisif dans la protection de la couche d’ozone. Au togo, on est confronté au même problème. Les autorités sont parvenues à établir qu’à Cotonou, où on enregistre une émission journalière d'environ 83 tonnes d'oxyde de carbone, 59% sont dus aux motos. D’après les explications des responsables, cela est dû au mélange de lubrifiants de leurs moteurs. Ces détails ont été obtenus grâce à une étude menée par la Société togolaise d'études de développement en Afrique (SOTED), à la demande de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), qui collabore avec l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), qui compte aussi le Mali, le Burkina et la Côte d’Ivoire, entre autres pays. Si aucune étude n’a encore été menée dans ce sens dans ces États, ici les acteurs attirent déjà l’attention sur la prolifération des motos. « En Côte d’Ivoire, on n’a l’œil que sur les véhicules à quatre roues parce qu’ils sont les plus visibles, mais il a été établi que les engins les plus polluants sont les motos. Et il y en a pas mal ici », estime Adama Touré, le Président de la Coordination nationale des gares routières de Côte d’Ivoire. Un point de vue partagé par Ibrahim Diaby, le président de l'Association des détenteurs de taxis compteurs et communaux de Côte d'Ivoire. « Si on nous parle de véhicules pollueurs, il faut également parler de motos pollueuses. Partout en Afrique, les gens luttent contre la pollution de l’air en luttant contre les motos », ajoute le transporteur. Cela s’explique par le fait qu’on manque de données sur le phénomène, selon le ministère de l’Environnement et du développement durable. Assimiler les cas du Rwanda ou du Togo à celui de la Côte d’Ivoire serait fausser le problème, affirme même un proche collaborateur du ministre.
Raphaël TANOH