Carte CNI : BUG à l’horizon

Annoncée pour prendre fin le 30 juin prochain, la date limite de validité des anciennes cartes nationales d’identité, valable jusqu’en 2019, pousse de nombreux Ivoiriens vers les centres d’enrôlement de l’Office national de l'état civil et de l'identification de Côte d’Ivoire (ONECI). Toutefois, certains pourront conserver la leur car éditée en 2015. Mais l’ONECI a du mal à faire face aux demandes des usagers et tente de faire face aux difficultés rencontrées sur le terrain. Retard dans la livraison des nouvelles cartes, nombre insuffisant de centres d’enrôlement, problème dans la production des attestations d’identité sont autant de problèmes auxquels il faudra faire face.

Office national de l'état civil et de l'identification de Côte d’Ivoire (ONECI), Plateau. Il est 11h et la cour grouille de monde. Dressé pour les attestations d’identité, un long rang serpente jusque vers la porte d’entrée de la structure. Sous le soleil ardent, les usagers transpirent, beaucoup tentent de se protéger avec un morceau de papier levé au-dessus de la tête. À côté, sous des bâches, encore du monde. Plusieurs dizaines de personnes s’impatientent. Ceux-là sont venus pour la confection ou le renouvellement de leurs cartes nationales d’identité (CNI). Un guichet permet de s’acquitter de la quittance à 5 000 FCFA. Grâce à ce document, on peut pénétrer dans une salle à l’intérieur du bâtiment, où se tient un autre rang devant une dizaine d’agents d’enrôlement munis d’ordinateurs et de machines de prise d'empreintes.

Après avoir prorogé le délai, les anciennes cartes CNI expirent le 30 juin prochain et l’engouement pour l’établissement de nouveaux documents gagne de plus en plus les Ivoiriens. « Ces derniers jours, il y a plus de monde. Ce n’était pas ainsi il y a quelques mois. Je pense que c’est à cause de la date d’expiration des anciennes cartes. Cela fait que les gens paniquent et ils ne veulent pas se faire surprendre », note l’un des agents enrôleur qui discute avec un visiteur dans la cour.

Echéance Au fond de l’enceinte, sous l’estrade de l’un des pavillons de l’ONECI, se trouve une troisième file d’attente. Ici, on vient chercher les cartes CNI déjà confectionnées. Pendant que des gens arrivent, d’autres s’en vont, dépités. Parmi eux, Fousseni Diakité : « J’avais rendez-vous normalement le 21 juin passé. Ma carte n’était pas prête à cette date. Après presque 9 mois d’attente, je n’ai toujours pas reçu de SMS. Je viens ici, on me dit que ma carte n’est pas là, pourtant l'échéance des CNI de 2009 est fixée au 30/06/2021. Je ne sais pas si je dois refaire une nouvelle carte encore ou attendre toujours, parce que le SMS qu’on doit recevoir ne vient jamais. Certains sont venus ici sans avoir reçu de SMS mais ils ont vu que leurs cartes étaient là. Tout ça est compliqué », se plaint-il.

Il n’est pas le seul grognon ce mardi à visiter les locaux de l’ONECI. « Je ne comprends pas. J’ai confectionné ma carte CNI avec un ami l’année dernière. Il a reçu sa carte depuis plus de six mois. Moi, je n’ai pas encore la mienne. Pourquoi ? On l’ignore. On nous demande d’adresser un mail à reclamation@rnpp.ci. Mais cet e-mail ne passe pas. Lorsque nous venons ici aussi, nous n’avons aucun interlocuteur. Il faut qu’on nous donne des explications sur cette situation. Nous n’avons personne auprès de qui nous plaindre », fulmine Silvain Djaha.

Les plaintes à l’encontre de l’ONECI ne datent pas d’aujourd’hui. Retard dans la production des nouvelles cartes, incohérence dans la distribution des cartes, insuffisance de centres d’enrôlement…À deux mois et demi de la date limite des anciennes cartes d’identité, la pression sur la structure n’a jamais été aussi forte. « C’est un problème très sensible. Dès le début, nous l’avons signifié : la cadence de production des cartes CNI pour des millions d’Ivoiriens est trop lente. Malgré le report de la date limite de validité des anciennes cartes, les Ivoiriens ne sont pas pour la plupart en possession de nouvelles cartes. C’est très grave, parce que beaucoup de personnes vont se retrouver pénalisées si elles n’arrivent pas à avoir les nouvelles cartes d’identité à temps», signale Jean-Baptiste, président de la Confédération des organisations des consommateurs de Côte d’Ivoire.

Imprimé Le problème ne s’arrête pas aux cartes CNI. Depuis maintenant plusieurs jours, les commissariats ne confectionnent pas d’attestation d’identité. La faute à une pénurie de « papier imprimé », selon plusieurs sources policières. Il s’agit, disent-ils, du papier sur lequel les attestations sont imprimées. Pour les Ivoiriens qui estiment qu’il s’agit d’une politique destinée à pousser les usagers vers l’ONECI, un officier de police du 22ème arrondissement de Cocody-Angré dément. « Ce n’est pas la première fois que les commissariats sont confrontés à ce genre de problème. C’est juste périodique » note-t-il. Avant d’ajouter : « il n’y a aucun rapport entre l’absence de papier et la date limite des anciennes cartes CNI ». À ce sujet, la meilleure politique à mettre en place, selon Jean-Baptiste Koffi, est de revoir le nombre de centres d’enrôlement.

On le sait, pour accélérer la production de document, l’ONECI a ouvert des points d’enrôlement dans les différentes communes d’Abidjan. La capitale économique seule compte 27 centres d’enrôlement. Soit 15% du nombre total de centres d’enrôlement sur l’ensemble du territoire national, estimé à environ 180 sites. Mais ces chiffres restent insuffisants. À Abobo, en plus de la mairie, le 14ème arrondissement sert également de lieu d’enrôlement. Cependant, selon un proche collaborateur du maire, il faut plus pour cette grande commune. « Les locaux sont tous les jours bondés à craquer. Il y a ceux qui viennent pour le renouvellement, ceux qui viennent pour la confection. La preuve que la demande est très forte ici», note-t-il.

Ce qui n’est pas le cas dans toutes les communes. À Attécoubé, par exemple, les locaux de la mairie n’accueillent pas d’agent d’enrôlement de l’ONECI. « On ignore si c’est une question de logistique ou de personnes ressources indisponibles, mais la mairie d’Attécoubé a besoin également que l’ONECI ouvre un point d’enrôlement en son sein », signale Salif Coulibaly, l’adjoint au maire d’Attécoubé. Et M. Salif Coulibaly de poursuivre : « Partout, on constate que la population se masse pour obtenir la carte CNI. Il faut que les autorités fassent en sorte que les conditions pour l’obtention de ce document soient faciles pour tous. Pour le renouvellement des cartes CNI, par exemple, les choses doivent aller très vite, parce que les personnes sont sur la base de données de l’ONECI. Il faut permettre que toutes les mairies aient en leur sein des centres d’enrôlement de l’ONECI »

Selon un proche collaborateur de Kafana Sitionni, le directeur général de l’ONECI, la structure est en train de voir comment augmenter le nombre de sites d’enrôlement. Mais, pour l’instant, à l’entendre, l’ONECI a doublé sa capacité de production de carte CNI. Et tourne autour du million de cartes par mois.

Concernant les retards dans la distribution des cartes, notre source affirme que des applications informatiques et des campagnes de communications sont en train d’être peaufinées à l’effet d’une meilleure distribution des CNI dans des délais réduits.

Est-ce que le délai de validité des anciennes cartes d’identité sera repoussé ? « On n’en sait rien encore. Cela ne dépend pas de l’ONECI. La dernière fois que le délai de validité des cartes CNI a été repoussé ça l’a été par le gouvernement. Mais, avec une première prolongation, il n’est pas sûr que la date limite de validité fixée au 30 juin prochain, soit encore repoussée. Alors, par prudence, nous conseillons aux Ivoiriens qui ont encore leurs anciennes cartes CNI, de chercher à les renouveler pour éviter tout désagréments à venir », ajoute-t-il. Alors, à bon entendeur…

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