Dans la politique sanitaire, la création de la Pharmacie de santé publique (PSP) a été salutaire. Mais, depuis le début de la mise en œuvre de la Couverture maladie universelle, les ruptures permanentes de stock des médicaments inquiètent.
Ce sera l’un des points essentiels dans la réussite de la Couverture maladie universelle : l’accès aux médicaments. La création en 2013 de la nouvelle Pharmacie de la santé publique de Côte d’Ivoire (PSP) était une anticipation de la part des autorités. Mais force est de constater qu’avec les nombreuses attentes et besoins des populations, le problème de l’accès aux médicaments se pose toujours. Peut-être pas avec la même acuité qu’il y 5 ans, mais il est bel et bien réel.
Ruptures de stocks « Certes, la PSP arrive à servir en médicaments l’intérieur du pays, mais ce que nous constatons ce sont les ruptures de stocks. C’est un point crucial, qu’il faudra corriger », explique Dr Guillaume Esso Apkess, secrétaire général du Syndicat national des cadres supérieurs de la santé de Côte d'Ivoire (SYNACASS-CI). Un problème qu’il faudra s’atteler à résoudre, selon le personnel soignant. Au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Cocody, par exemple, un infirmier, membre de la Coordination des syndicats du secteur santé (COORDISANTE), témoigne : « ici, nous avons fréquemment ce type de problèmes. Souvent, les patients ou leurs parents sont obligés d’aller dans d’autres officines pour se pourvoir en médicaments. La PSP a pourtant été créée pour éviter cela. Si cela arrive au CHU de Cocody, l’un des centres de santé publics les mieux équipés, imaginez un peu ce qui se passe dans les autres hôpitaux. La PSP a beaucoup apporté, c’est vrai, et elle continue de le faire. Mais, vu les constats, nous pouvons dire que du chemin reste à faire ». Le gouvernement n’est que trop bien conscient de la situation. Et il met les bouchées doubles. En juillet dernier, en vue de faciliter l’accès des populations du Gbêkê aux médicaments, le ministre de la Santé et de l’hygiène publique, Eugène Aka Aouélé, a posé la première pierre de l’antenne régionale de la nouvelle Pharmacie de la santé publique de Bouaké. D’après le ministère, cela répond au besoin de désengorger le siège d’Abidjan, d’améliorer les performances d’achat de médicaments et de mieux suivre l’évolution de la demande réelle des populations. Mais la véritable inquiétude, à entendre une source au sein de la PSP, c’est l’approvisionnement. L’État doit beaucoup d’argent à la structure, qui doit faire des pieds et des mains pour s’approvisionner. « Quand on parle de CMU, on parle de gratuité. Et quand on parle de gratuité, cela sous-entend que les médicaments soient disponibles. Mais ce n’est pas toujours le cas », soupire Dr Apkess.
Raphaël TANOH