Selon les chiffres 2014 du recensement général de la population et l’Habitat (RGPH), la population ivoirienne âgée de 18 ans et plus atteint 9 005 242 individus. Pour diverses raisons, ces chiffres seraient loin d’être atteints par l’opération révision de la liste électorale, actuellement en cours.
De 5 784 490 électeurs en 2010, la liste électorale est passée à 6 300 142 en 2015, soit une hausse de 10 %, qui laisse encore entrevoir un gap de d’environ 2,7 millions électeurs potentiels non fichés.
Liste grise
Luc Hervé Koné, étudiant, a sa petite idée sur le peu d’engouement des populations pour l’opération révision démarrée le 24 juin dernier. Ce n’est pas la volonté de s’inscrire sur la liste électorale qui est en cause, soutient-il. Pour lui, la raison se trouve ailleurs. « En 2009, lors de la phase d’identification, mon nom était sur la liste dite grise. Celle-ci comportait près de 600 000 cas litigieux. Depuis lors, le problème n’est toujours pas résolu. Et nos requêtes restent toujours suspendues», se désole-t-il, avant d’ajouter qu’il aimerait bien être inscrit et voter pour le candidat de son choix. La Commission électorale (CEI) avait pourtant pris des mesures pour régler le problème de la liste grise. Les Ivoiriens concernés avaient été invités à s’inscrire sur la liste électorale, munis de leur certificat de nationalité. « Je n’avais pas eu cette information tôt, et le temps pour me procurer un certificat de nationalité était bien court », se justifie Ziahé Stéphane, mécanicien. Selon lui, la campagne de communication autour de ce genre d’opération est mal faite et passe donc inaperçue. Quant à Ibrahim Ouattara, également étudiant, lui, ne veut même plus entendre parler d’opération de révision de liste électorale. « Les élections ne m’intéressent pas, car je n’ai pas confiance aux hommes politiques. Je refuse donc de m’inscrire, pour ne même pas à être tenté par un scrutin», argumente-t-il.
Délai court
Autre raison, le délai pour s’inscrire est sans doute trop court, comme l’estimait déjà Mamadou Koulibaly, président de Liberté et démocratie pour la république (LIDER) en 2015. Pour lui, un délai de seulement 1 mois ne pouvait pas prendre en compte les quelques trois millions d’Ivoiriens restés hors du fichier. Pour l’opération de 2016, une bonne partie de la classe politique est résignée à voir l’opération échouer, au point que certains remettent en cause son caractère facultatif.
Ouakaltio OUATTARA