Les chiffres sur l’implication du facteur humain dans les accidents sont effrayants. Les mesures pour y remédier se suivent lentement, mais, malheureusement, la fin du cauchemar n’est pas pour demain.
En novembre 2016, le gouvernement adoptait en Conseil des ministres un décret instaurant le permis à points en Côte d’Ivoire, en vue de réduire les infractions au Code de la route et de lutter efficacement contre les accidents de la circulation, qui sont devenus un véritable fléau de société, avec des centaines de morts chaque année. Cette réforme de l’acquisition du permis de conduire, qui incluait aussi d’autres changements, a été suspendue le 1er mai 2017, suite à la pression sociale.
Une urgente nécessité Les acteurs du secteur ne montrent pourtant pas de réticences à l’instauration du permis à points. Pour Lamine Cissé, Secrétaire général du Syndicat des moniteurs d’auto-écoles de Côte d’Ivoire (Synamaeci), par ailleurs Vice-président de l’Union nationale des auto-écoles de Côte d'Ivoire (Unaeci), les moniteurs n’avaient pas été contre la réforme en son temps, mais plutôt réfractaires à certains frais « inutiles » dans le processus de délivrance du permis. « Il y a urgence. Il y a des centaines de morts sur nos routes du fait de l’indiscipline au volant. Avec l’instauration des permis à points, les mauvais conducteurs verront leur autorisation de conduire retirée », a-t-il signifié à JDA lors d’un entretien téléphonique. Outre l’instauration du permis de conduire à points, Lamine Cissé souhaite que l’évaluation des futurs détenteurs du permis de conduire soit plus pointue. « Il faut moderniser et créer des centres d’examens du permis de conduire. Cela réduira les accidents de circulation », suggère-t-il. À l’en croire, la société Quipux peut aider dans ce sens, dans la mesure où elle a des démembrements dans toutes les régions de Côte d’Ivoire. En outre, le Secrétaire général du Synamaeci juge les amendes et contraventions trop basses. « Pour une infraction, on demande au conducteur de payer 2 000 francs CFA. Cette somme est dérisoire. Si les conducteurs payaient au moins 10 000 francs CFA à chaque infraction, je vous assure qu’ils y réfléchiraient à deux fois avant de griller un feu rouge », assure-t-il. Autre fait dénoncé, la distribution de bons de permis de conduire subventionnés, qui représente, selon certaines auto-écoles, un danger dans la mesure où les candidats bénéficiaires de ce type de subvention ne reçoivent quasiment pas de cours pratiques de conduite. « Je vous assure que d’ici deux ans ou trois ans, quand ces personnes auront le permis, ce sera la catastrophe sur nos routes », prévient le premier responsable du Synamaeci.
Adélaïde KONIN