Les deux pays voisins, qui partagent 584 km de frontière, ont une histoire commune jalonnée de partage mais aussi et surtout de tensions politiques. Des relations ne sont pas toujours un long fleuve tranquille.
Quand en septembre 2015 le général Gilbert Diendéré tente un coup d’État au Burkina Faso, des regards accusateurs sont tournés vers Abidjan. Un soutien en hommes et en matériels serait venu de la frontière sud du pays où l’ex Président Blaise Compaoré avait trouvé refuge quelque mois plus tôt. Abidjan s’empresse de lui donner la nationalité ivoirienne pour ne pas avoir à l’extrader. Mais le procès de son bras droit Diendéré, où les noms de certains Ivoiriens sont cités, attise les braises dans les relations entre les deux pays. La méfiance n’est pas nouvelle. Comme en septembre 2002, quand, après l’échec de la tentative de coup d’État qui se transforme très vite en rébellion, Laurent Gbagbo, alors Président de la République accuse le Burkina Faso de servir de base arrière pour sa déstabilisation.
Histoire coloniale L’éclatement de la Haute Volta entre le Soudan occidental (Mali), le Niger, le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire posait les bases de conflits entre des populations qui partageaient des valeurs et qui avaient été fortement engagées dans les plantations du sud de la Côte d’Ivoire et dans les travaux de construction du chemin de fer Abidjan - Niamey. La Côte d’Ivoire et le Burkina Faso obtiennent en même temps l’indépendance, le 5 août 1960 pour les hommes intègres et le 7 août pour la Côte d’Ivoire. Les relations entre Maurice Yaméogo et Félix Houphouët Boigny, délétères, s’apaisent en 1961, si bien qu’Houphouët Boigny lui enverra même de l’argent après sa chute, en 1966. Quand son successeur, le général Sangoulé Lamizana, tombe, Houphouët est accusé et il sera de même à la mort de Thomas Sankara, en 1987. Avec l’arrivée de Blaise Compaoré, qui épouse dans la foulée une proche du Président ivoirien, l’axe Abidjan - Ouagadougou se désengorge, puis se dégrade à nouveau avec l’instauration de la carte de séjour, en 1991, et surtout en 1998, avec la nouvelle loi foncière qui interdit aux non - Ivoiriens d’être propriétaires terriens. Le climat s’aggrave avec le désamour entre Henri Konan Bédié et Blaise Compaoré. En janvier 2001, Abidjan soupçonne Ouaga d’avoir projeté un coup d’État. En août 2002, Ouaga accuse à son tour Abidjan d’avoir commandité l’assassinat de Balla Keïta sur ses terres. Rien de ce qui se passe à Ouaga n’est étranger à Abidjan, et vice versa. Ce qui poussera les autorités de la transition au Burkina, entre octobre 2014 et novembre 2015, à exclure la « diaspo » (Burkinabès vivant en Côte d’Ivoire) de la première élection de l’après Blaise Compaoré. Elle devrait cependant participer à celle de 2020.