Depuis toujours, les élections, quelles soient présidentielles, législatives ou municipales, se sont déroulées dans un climat de peur en Côte d’Ivoire, avec à la clé des résultats contestés. Pour les Ivoiriens, le défi est de parvenir à des scrutins paisibles, où le vaincu reconnait sa défaite.
Quel visage présentera la Côte d’Ivoire au lendemain du scrutin du 6 mars prochain ? Celui qu’elle a présenté après la présidentielle du 31 octobre dernier ? Ou seront-ce les mêmes traits que le pays a présentés en 2015 puis en 2016 ? C’est-à-dire des élections plus ou moins apaisées, mais une Côte d’Ivoire divisée, fissurée. À moins que ce ne soit ce visage en lambeaux de 2010 ? « Ce sont toujours des moments que nous redoutons. Cela est dû au passé de la Côte d’Ivoire. Les périodes électorales sont très souvent émaillées de violences », rappelle Souleymane Fofana, Coordonnateur général du Regroupement des acteurs ivoiriens des droits humains (RAIDH). Pourtant, ce ne sont pas les campagnes de sensibilisation qui manquent. Ce ne sont pas plus les bonnes intentions chez les candidats. Mais il y a toujours d’énormes dégâts matériels et parfois même des pertes en vies humaines.
Pacifique Pour Satigui Koné, Président de la Fédération des ONG de développement de Côte d’Ivoire (FEDOCI), pendant les périodes électorales chaque parti politique a l’habitude de préparer les esprits à la violence. Et ce n’est pas l’apanage d’un seul camp. Le chef de l’État, Alassane Ouattara, Président du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), l’a certainement constaté lui aussi. C’est pour cela qu’il a pris le soin de donner comme consigne : « pas de propos haineux ». Il ne reste plus qu’à espérer que l’opposition soit dans le même état d’esprit. Les Ivoiriens rêvaient d’une passation pacifique du pouvoir en 2020, ce sera peut-être pour une autre fois. Lors des municipales de 2018, violences et contestations en ont déçu plus d’un. Aussi loin qu’elles s’en souviennent, les populations n’ont jamais assisté à des scrutins qui se soient achevés avec des passations pacifiques de flambeaux. À quand des élections Fair play ? Faut-il espérer des prémices pour ces législatives, qui s’annoncent pourtant tendues ? Pour de nombreux observateurs, tout part d’une volonté politique, qui commence par des scrutins crédibles et transparents. Aux partis politiques d’entrer ensuite dans le jeu démocratique avec des consignes de campagne et de vote saines. Simple et peu coûteux. Mais, surtout, et c’est là que tout dérape, il faut l’acceptation par les candidats du verdict des urnes. Campagnes apaisées, vote sans violences, mais qu’en sera-t-il au lendemain de la proclamation des résultats ? Question fondamentale.
Raphaël TANOH