PDCI-RDA : Un vent de renouveau souffle

Entre les défections et les ambitions affichées pour la succession d’Henri Konan Bédié, le parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), tente de faire baisser les vagues. Les évènements se succèdent et le parti tente de sauver ce qu’il en reste de son image construite pendant plus de 60 ans et surtout de se positionner comme une alternance crédible face à un RHDP qui fait face à l’usure du pouvoir mais aussi au sein d’une opposition en quête du pouvoir d’Etat mais quelque peu affaiblie. Henri Konan se veut toutefois rassurant. Le parti a des chances de revenir au pouvoir en 2025 avec lui comme candidat. Mais il devra faire face à des ambitieux comme Akossi Bendjo, Jean Louis Billon et Tidjane Thiam. Ces derniers, en quête de soutien au sein du parti, trouble le sommeil du sphinx de Daoukro.

Ils sont nombreux, les militants du plus vieux parti  de la Côte d’Ivoire à partager une certitude. Celle d’un retour aux affaires en 2025 après plus d’un quart de siècle dans l’opposition. Pour eux, la victoire en 2025 ne fait pas l'ombre d'un doute, parce que leur parti reste implanté sur tout le territoire. Pour y arriver, ils devront longuement batailler. La première victoire sera celle lors des élections municipales et législatives. Elle donnera les couleurs pour la suite de la marche du parti. Mais alors que les regards sont tournés vers ce rendez-vous important, des vents contraires perturbent la quiétude au sein du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). Même si Henri Konan Bédié a tenté de minimiser les dernières défections, il fait face de plus en plus à une fronde interne qui lui demande de « libérer le tablier » afin de permettre la mise « en place d’un nouveau logiciel. » la bataille des clans est déjà ouverte. Chacun pousse ses pions et joue à fond son avenir dans cette nouvelle dynamique imposée par une soif de reconquête d’un pouvoir perdu, co-géré avant de s’installer à nouveau dans l’opposition.

Guerre de succession  Le dernier en date à lorgner la place de candidat du PDCI pour l’élection présidentielle de 2025, est Noel Akossi Bendjo (72 ans). L’ex maire du plateau, après ses déboires judiciaires, pense que son heure a sonné.  Depuis le début du mois de mars, il multiplie des rencontres en interne afin de rallier à sa cause plusieurs cadres de son parti. Mais les choses ne s’annoncent pas aisées. Déjà depuis 2020, Henri Konan avait fait savoir clairement qu’il ne quittera la tête du navire PDCI qu’à sa mort. Trois ans après, sa position n’a pas changé d’un iota. Qu’il s’appelle Jean Louis Billon, Tidjane Thiam ou encore Noel Akossi Bendjo, le prochain successeur d’Henri Konan Bédié a des soucis à se faire. Henri Konan Bédié reste encore le plus fédérateur au sein de son parti et peut compter sur la détermination de plusieurs cadres et élus de son parti qui lui font encore confiance pour la conduite des affaires du parti.  D’ailleurs en 2022, pour montrer clairement qu’il avait encore toutes les cartes du PDCI en main, il n’a pas hésité à réorganiser le PDCI de sorte à neutraliser les pouvoirs de plusieurs membres du bureau politique qui se croyaient incontournables. Une stratégie qui avait eu pour effet de calmer les ardeurs. Mais pas celles de Jean Louis Billon qui, depuis 2020 appelle à un appel à candidature en interne afin qu’il puisse faire valoir ses arguments. Pour lui, nul doute qu’il a le meilleur profil pour représenter son parti en 2025. L’entrée en jeu de Tidjane Thiam, quoique hésitant et coupé de plusieurs réalités et de Noël Akossi Bendjo qu’il n’a pas vu venir pourrait amener Jean Louis Billon, seul cadre du PDCI élu dans le nord du pays, à chercher de solides alliances tant au sein des cadres qu’au niveau de la base militante.

Défections Le PDCI n’en est pas à sa première expérience. Depuis la perte du pouvoir en 2019, le parti a fait face, à maintes reprises, à des débauchages de ces cadres. La plus grosse vague de départ a été enregistrée en 2018 après le divorce avec le Rassemblement des houphouestitses pour la démocratie et la paix (RHDP). Une vague de départ que le PDCI a durement ressenti lors des élections législatives de 2021 avec la perte de son bastion de l’Est du pays, tombé au mains du RHDP mais aussi avec la perte de certaines circonscriptions dans le grand centre.  Malgré les interpellations du sphinx de Daoukro, appelant «  chaque responsable, à quelque niveau qu’il soit, sur la nécessité du respect scrupuleux de la discipline du parti », certains continuent de jouer la sourde oreille.  Même si Bédié indique que « le PDCI ne saurait laisser prospérer le désordre et la division » et sera «  désormais intransigeant à l’égard de tous ceux et de toutes celles qui poseront des actes contraires au renforcement de la cohésion de notre parti », les défections continuent et les partants travaillent à tirer d’autres militants dans leur nouvelle escarcelle. La plus grosse perte enregistrées ces temps-ci, est le départ de Narcisse N’Dri, directeur de cabinet du président Henri Konan Bédié  pendant les heures chaudes en 2020 et 2021. Au sein de ce parti, l’on souhaite minimiser tous ses départs et travailler plutôt à renforcer la cohésion interne. « Les défections auxquelles nous assistons ces derniers temps ne sauraient nous ébranler » avait déjà prévenu le président du PDCI-RDA. Mais le PDCI, doit avoir à l’esprit sa longue existence dans l’opposition et le fait que le RHDP partage avec lui la même idéologie, explique un cadre de ce parti.

Un congrès attendu l’on se rappelle que le jeudi 8 décembre, alors que Henri Konan Bédié venait de déposer sa candidature à sa propre succession à la tête du parti, deux communiqués ont été diffusés pour annoncer le report, puis le maintien du septième congrès extraordinaire prévu le 14 décembre. Une information rapidement démentie par l’entourage d’Henri Konan Bédié. Cette double communication témoignait déjà d’une crise au sein du parti. Depuis, l’on part de report en report et aucune date n’a encore été donnée. En interne, l’on ne nie pas qu’il faut « accorder les violons » entre plusieurs courants internes. En effet, certains voient en ce rendez-vous une occasion pour ouvrir un débat profond «  D’abord sur les futures alliances politiques, ensuite sur les élections locales à venir mais aussi sur l’avenir du parti et surtout sur le candidat pour 2025 » confie un cadre de ce parti. Mais des cadres appellent à l’apaisement et souhaitent que l’ordre du jour tourne autour du renforcement de la cohésion interne et surtout d’une alliance forte autour d’Henri Konan Bédié.  Habitués à ces débats internes, des cadres du PDCI estiment qu’aucun débat ne peut ébranler le PDCI ni remettre en cause sa volonté d’ailleurs en rang soudé pour la reconquête du pouvoir.  Le parti compte à cet effet sur l’amélioration de « la stratégie » qui doit être assurée par le comité de gestion et de suivi des élections qui doit adopter une approche avant-gardiste, en anticipant tous les scénarios auxquels ils feront face.

 Yvan AFDAL

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