L’union fait la force, c’est certain. Mais les pays africains producteurs de matières premières agricoles semblent ne pas avoir encore compris cet adage. Contrairement aux pays producteurs du pétrole, qui ont su, grâce à l’OPEP, imposer leurs prix sur les marchés internationaux.
Les pays producteurs du pétrole ont réussi à s’unir au sein de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole (OPEP), à l’initiative du Venezuela, en 1960. Objectif principal : obtenir une augmentation des revenus pétroliers. Malgré des débuts difficiles, l’OPEP est parvenu à devenir un acteur de premier plan, capable de relever les prix du pétrole et de gérer la production pour faire pression sur les pays développés dès années 70.
Les pays africains semblent plutôt préoccupés d’être au premier rang au niveau de la production et de l’exportation des matières premières. Ils sont faibles économiquement et la plupart des économies du continent dépend de ces produits. « Les pays africains n’ont pas encore pris conscience du poids économique de leur production. Ils se contentent d’occuper les premiers postes sans songer à se mettre avec d’autres pays producteurs pour contrôler le marché », explique le professeur Jean Kouassi.
Riches mais mal organisés Outre la fève de cacao, l’Afrique domine la production mondiale dans la culture du café, de l’huile de palme, du caoutchouc naturel, du maïs, du blé, du coton et de la noix de cajou. Sauf que chaque pays producteur se retrouve toujours seul en face des grands groupes transformateurs. Mieux, certains pays, dans leur politique d’augmenter les chiffres de la production nationale, n’hésitent pas à faire leur marché chez des voisins plus productifs. Ce fut pendant longtemps le cas entre la Côte d’Ivoire et son voisin ghanéen en ce qui concerne le cacao. C’est encore le cas entre la Côte d’ivoire et ses voisins du Ghana et du Burkina Faso pour la noix de cajou. Ces pays d’Afrique sont pourtant classés parmi les pays moins avancés (PMA), ou encore sous-développés, par les grandes instances. Paradoxalement, les pays les plus riches en matières premières sont les plus pauvres de la planète.
Invisible La main invisible qui préside à la régulation des mécanismes économiques semble tourner le dos au vieux continent. L’Europe et les États-Unis sont accusés souvent de diktats dans la fixation unilatérale des cours des matières premières sur les bourses de commerce. Tout comme le Royaume Uni. Et les pays producteurs sont victimes de l’arbitraire des consommateurs de leurs marchandises. La crise qui sévit actuellement est due à la montée des cours des matières premières. Cet état des choses est provoqué par la demande additionnelle des nouveaux consommateurs. Seule l’union des pays producteurs pourra les faire sortir du bourbier.
Ouakaltio OUATTARA