En Côte d’Ivoire, il y a un grand gouffre entre les besoins d’ordre social et l’aide aux populations démunies. Si les ONG en ont fait leur terrain de prédilection ces dernières décennies, cette mission incombe en premier lieu à l’État.
Le Programme social du gouvernement 2019 – 2020, initié il y a quelques mois, est un exemple de plan d’aide à la population. Fournir aux Ivoiriens des services de santé efficients, faciliter l’accès et le maintien des enfants à l’école, favoriser l’accès à un coût abordable des populations aux services essentiels, tels que le logement, l’énergie, l’eau potable et le transport. Enfin, améliorer l’employabilité, ainsi que l’accès à un emploi décent et stable, pour les jeunes et les femmes. Pour être plus précis, le PS - Gouv 2019 - 2020 se décline en 156 actions, avec 12 projets phares.
Difficultés À terme, il s’agit pour le gouvernement, avec ce programme d’un coût global de 727,5 milliards de francs CFA, de parvenir à une croissance économique qui génère un bien-être social des populations, avec un service public accessible, efficace et de qualité. « Ce genre d’initiatives a été multiplié ces dernières années. La création du Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI) a permis aujourd’hui d’aider des dizaines de milliers de femmes à sortir de la pauvreté. La gratuité ciblée pour aider les plus démunis à se soigner, sans oublier le Fonds d’appui aux jeunes, afin d’encourager l’entreprenariat. Des projets ont été initiés, permettant aux jeunes d’acquérir des taxi-compteurs, etc. Pendant cette période de coronavirus, le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens. Plus de 1 700 milliards ont été décaissés pour aider la population. En termes de politique sociale, l’État assure », énumère un haut cadre du ministère de l’Emploi et de la protection sociale. Ces différents projets ont-ils eu de l’impact sur la population ? Pour Marius Comoé, Président du Conseil national des organisations de consommateurs (CNOC), pas vraiment. « La gratuité ciblée a été sabotée, parce qu’on n’a pas mis les moyens pour l’appliquer. La mise en œuvre de la CMU connaît quelques balbutiements. Quant aux plans de financement, la traçabilité des aides pose problème. Les personnes qui sont censées bénéficier des aides ne les reçoivent pas. Tant qu’il n’y aura pas de transparence dans nos politiques sociales, elles n’auront pas d’effets », note-t-il. Un avis partagé par plusieurs acteurs de la société civile, qui dénoncent leur mise à l’écart dans les décisions et l’application des mesures qui devraient permettre l’amélioration des conditions de vies des Ivoiriens, comme annoncé par les pouvoirs publics
Raphaël TANOH