Logements sociaux : Le chemin de croix

La politique de logements sociaux n’a pas été à la hauteur des attentes.

Lancée en 2012 sur les chapeaux de roues, la politique des logements sociaux et économiques a du plomb dans l’aile. Alors que les autorités tentent de redresser la barre, le récent déguerpissement de Cocody Danga vient une nouvelle fois jeter le discrédit. Entre décisions de justice et déguerpissements de familles, en saison des pluies et en période scolaire, la situation, de même que celle de certains sites de la SICOGI déjà déguerpis ou dans le viseur des bulldozers, pose la problématique de la construction des logements sociaux et du calvaire des Abidjanais pour s’offrir un toit.

Logements sociaux : Le chemin de croix
Lancée en 2012 sur les chapeaux de roues, la politique des logements sociaux et économiques a du plomb dans l’aile. Alors que les autorités tentent de redresser la barre, le récent déguerpissement de Cocody Danga vient une nouvelle fois jeter le discrédit. Entre décisions de justice et déguerpissements de familles, en saison des pluies et en période scolaire, la situation, de même que celle de certains sites de la SICOGI déjà déguerpis ou dans le viseur des bulldozers, pose la problématique de la construction des logements sociaux et du calvaire des Abidjanais pour s’offrir un toit.
8 mai 2018. Le quartier Cocody Danga Bel Air s’est réveillé dans le désarroi total. Les riverains observent, consternés, ce qui reste de leurs habitations. Des gravats, des morceaux de tôles, des restes de murs... Sur les débris gisent valises, matelas, réfrigérateurs, cartons remplis de bric-à-brac. Des objets récupérés en 30 minutes chrono. C’est le temps que les « casseurs » de la Société ivoirienne de construction et de gestion immobilière (SICOGI) leur ont laissé avant de lancer les bulldozers sur des maisons que la plupart occupaient depuis des générations. Aux aguets et très vigilants, plusieurs cars de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) sont venus assurer la sécurité de l’opération. En face, 33 familles « jetées à la rue » et des centaines de personnes en larmes. Hommes, femmes et enfants. Ils ne savent pas où aller. Les pancartes de protestation ? Les policiers n’en ont cure. Les appels à l’aide ? La Sicogi reste de marbre. Après une décision de la Cour suprême, elle estime être dans son bon droit et reprendre possession de lieux qui lui appartiennent. Laurent Clouzet, le Secrétaire général du collectif des résidents de Cocody Danga Bel Air, que nous avons joint, n’est pas de cet avis. « C’est un abus. Ce site est le nôtre et cela depuis des générations ». À l’entendre, c’est en 1955 que leurs parents ont signé les premiers contrats de location avec la Société immobilière des habitats à bon marché (SIH - CI), qui deviendra ensuite la SICOGI. Il avait été convenu, détaille Clouzet, qu’après 3 ans les maisons leur reviendraient, en mode « location - vente ». 
Jetés dehors Pour appuyer cette décision, le père-fondateur Félix Houphouët-Boigny avait pris, d’après lui, un arrêté qui faisait des locataires des 77 logements que compte Cocody Danga des propriétaires. En 1994, Henri Konan Bédié prend un autre décret pour confirmer cette décision. Mais voilà qu’en 2012 la Sicogi remet tout en cause, ayant été sollicitée pour la gestion, entre autres, des sites en location - vente. Elle propose un million de francs CFA de dédommagement aux 77 familles concernées et leur demande de partir. 44 acceptent et les 33 autres, déguerpies ce 8 mai, disent « niet ». L'affaire est portée devant les juridictions. « Lorsque la décision de la Cour suprême est tombée, nous avons demandé à la SICOGI d'utiliser l'argent de nos cautions pour terminer les maisons que nous devions intégrer, d’après la justice, à la cité ADO et à Concorde », se rappelle le porte-parole des résidents. Hélas, pour Bouaké Fofana, Directeur général de la SICOGI, le temps des négociations est terminé. « Depuis 2012, les occupants de Danga étaient prévenus », explique-t-il. Selon lui, les 77 familles de Cocody Danga étaient en location simple. Et, dans ces conditions, elles ne pouvaient conserver les maisons. Aux dires du haut cadre, les populations d’Adjamé Mirador et de Treichville, qui occupent également des sites de la Sicogi, seront les prochaines à partir. « Ces sites vont faire l’objet de nouveaux programmes (…) Nous pourrons bien les vendre (…) », clarifie Bouaké Fofana. Malentendu ou stricte application des textes? Quoi qu’il en soit, cette situation arrive à un moment où le contrat de confiance État - population concernant les logements sociaux est bien mal en point. Nombreux sont les Abidjanais qui se demandent comment la SICOGI, censée offrir des logements décents aux populations, peut éconduire de la sorte ses « propres locataires ».  « Tout cela montre à quel point la politique des logements sociaux est fausse. Elle n’a jamais été destinée aux pauvres », lâche Yaya Sanogo, le Président des locataires de Côte d’Ivoire. En effet, difficile de ne pas faire le rapprochement.  Lancée en 2012 par le gouvernement, cette stratégie a laissé de nombreuses victimes au bord du chemin. Seuls 4 782 logements ont été livrés (4 003 en décembre 2017 sur le site d’Anyama – Ebimpé, 512 à la cité ADO et 267 sur le site de Bingerville) pour 60 000 logements promis sur 5 ans, alors que le déficit cumulé dans le pays dépasse aujourd’hui les 400 000 logements. Pis, selon Yaya Sanogo, le social n’a jamais été au centre de ce programme. « Les maisons aux coûts les plus bas sont à 12 millions de francs CFA. Ce qui n’est pas à la portée d’un Ivoirien moyen ». Moustapha Bamba lui donne raison. « Je fais partie des travailleurs qui ont souscrit à ce projet en 2013. Le ministre Gnamien Konan avait mis en place un fonds séquestre. L’argent était censé être remis aux promoteurs une fois qu’ils nous auraient remis les clefs. Le problème, c’est que lors de la visite des sites nous avons été totalement déchanté», explique ce salarié de la douane.
Désenchantement Le promoteur lui avait proposé initialement un terrain de 300 mètres carrés. « Sur le site, je me suis retrouvé avec un espace qui faisait à peine la moitié, pour un coût de 13 millions. J’ai refusé de loger en hauteur sur ce minuscule terrain », poursuit notre interlocuteur. Moustapha Bamba va demander à être remboursé, avant de se rendre compte que plusieurs souscripteurs sont dans le même cas. Parmi eux, Cheick Cissé, employé du Trésor Public. « Avec le promoteur, nous étions convenus de loger à Bingerville. Mais, pour des problèmes de purges des villageois, il a voulu nous imposer le site de Songon, que nous avons rejeté ». Il lui faudra huit mois pour récupérer son apport initial. Un moindre mal. Car, certains, comme Bernard D., font encore le pied de grue. « On nous a expliqué que la lenteur était due aux changements à la tête du ministère de la Construction, mais c’est difficile à croire», soupire-t-il, à bout de patience. Pour tous les souscripteurs alléchés par le programme, la réalité du terrain a été choquante. « Il avait été dit au départ qu’il serait possible d’avoir une maison pour 5 millions. C’était très loin de la vérité. Avec les 14 millions initiaux, plus le concours de la banque, mon apport se serait élevé à 20 millions », précise M. Cissé. Que ce soit le coût, le plan de construction, le site choisi ou le délai de livraison, les attentes ont été largement déçues. De 80 000 souscripteurs en 2013, il en reste à peine la moitié aujourd’hui. À qui la faute ? Au ministère de la Construction, une source proche du ministre Claude Isaac Dé pointe du doigt les premiers promoteurs, qui n’ont pas été à la hauteur. « Beaucoup n’avaient rien comme fonds de roulement et attendaient que les Ivoiriens souscrivent pour utiliser cet argent pour ériger les maisons ». Le gouvernement ne pouvait tolérer cela. « Aujourd’hui le ministre a assaini le secteur et les premières maisons commencent à être livrées. 18 000 clefs seront remises cette année. Même si nous sommes loin des objectifs, les choses avancent ». Du côté des promoteurs, on accuse plutôt « la politique d’accompagnement ». Les banques n’ont pas « mordu » à l’affaire, expliquent-ils. Lorsqu’on ajoute à cela les purges des droits coutumiers, qui ne sont pas aisées, on aboutit à un enlisement. Aujourd’hui, les autorités assurent que toutes les conditions sont désormais réunies. Reste que la population, à l’image des déguerpis de Cocody Danga, n’a plus du tout confiance.
Raphaël Tanoh 

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