Alors que les organisations sous-régionales et régionales pullulent en Afrique, l’idée d’un continent uni, avec les mêmes objectifs, tarde à prendre. Des administrations lourdes et une volonté politique faible : tout porte à croire que rien ne bouge.
Le mal est profond entre les pays africains, surtout entre voisins. Au lieu d’une saine concurrence, les États frôlent souvent l’animosité et leurs peuples ont parfois du mal à se tolérer ou à parler le même langage.
Mésententes Querelles de voisinage entre le Nigeria et le Bénin, hausse de ton entre la Côte d’Ivoire et le Mali, difficultés récurrentes sur certains dossiers brûlants, etc. L’intégration sous-régionale est très souvent mise à rude épreuve depuis la création de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Le 20 août 2019, on s’en souvient, le Nigéria décidait de fermer sa frontière terrestre avec le Bénin, reprochant à celui-ci de déverser sur son territoire national, gigantesque marché de près de 200 millions de consommateurs, des biens issus de la contrebande. Une situation qui se réglera à la suite de nombreux conciliabules.
L’actualité récente des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali divise aujourd’hui les deux pays. Le bras de fer des autorités maliennes face au bloc constitué par la CEDEAO montre jusqu’où vont les fissures. La CEDEAO vient en effet de donner un « ultimatum » au Mali pour la libération desdits soldats. À ne pas oublier, la tension de 2017 entre la Côte d’Ivoire et le Ghana sur le problème pétrolier, qui, heureusement, s’est très bien résolue. Si tout problème est écarté pour l’instant, le projet de monnaie unique, vieux de plus de trente ans, qui devait symboliser une intégration régionale renforcée et fluidifier les échanges commerciaux entre les pays d’Afrique de l’Ouest, devient une source de discorde. À ces problèmes entre États, récurrents et cycliques, il faut aussi ajouter la désunion de l’Afrique, selon Cheick Tidjane Dièye, Directeur exécutif du Centre africain pour le Commerce, lorsqu’il faut parler d’une seule voix devant les organisations internationales. Chacun vient y défendre ses intérêts, ce dont profitent les puissances étrangères pour « traire » et garder nos pays divisés. L’intégration africaine tant prônée tarde à se matérialiser sur le terrain. La seule réussite jusque-là est le passeport unique CEDEAO, qui ne concerne qu’une partie du continent. Mais l’espoir d’une Afrique unie existe et le projet n’est pas hors de portée des dirigeants africains, pour peu qu’ils y mettent du cœur.
Raphaël TANOH