L’Afrique est très souvent la cible de nombreux observateurs lorsqu’approchent les élections présidentielles. Près de 60 ans après l’indépendance, dans la plupart des pays on n’a pas encore trouvé le bon rythme pour rassurer les investisseurs et la population. Toutefois, quelques pays commencent à sortir la tête de l’eau.
Le Ghana, le Nigéria, le Sénégal sont les modèles de comparaison les plus objectifs quand il est question de stabilité, notamment autour des processus électoraux en Afrique de l’Ouest. Les résultats des programmes de développement économique et social entrepris depuis l’indépendance sont loin de refléter les espoirs suscités. Les États africains ont manifestement hérité d’un appareil administratif inadéquat pour affronter un nombre considérable et fort complexe de tâches. Dans leurs interventions, différents pays ont essayé de combiner un système économique capitaliste et libéral avec un certain absolutisme politique. Agissant de leur propre autorité, sans tenir compte des profondes réalités socioculturelles locales, des pays africains tout-puissants ont favorisé l’instauration de la dépendance étrangère, une stratification sociale et un pouvoir rigides et conservateurs. La seule limitation à ces interventions est le fait des entreprises étrangères et de leurs filiales locales, hostiles à ces interventions quand celles-ci ne vont pas dans le sens de leurs intérêts. Par rapport aux réalités africaines symbolisées par les populations, les institutions proposées depuis l’indépendance sont abstraites et formelles. Elles sont, de ce fait, parfois inopérantes et manquent de cadre de réalisation
Un boulet au pied L’impact de la colonisation est encore très vivace et domine toujours les structures économiques, sociales, politiques et culturelles de la région et les politiques de développement industriel, calquées sur le modèle occidental, se heurtent à l’extrême fragmentation politique, géographique et ethnique du continent, estiment certains experts.
Dans le domaine de l’industrialisation, l’Afrique de l’Ouest n’a pas beaucoup évolué depuis l’indépendance. Les activités sont encore limitées à l’extraction des matières premières minérales, accompagnée parfois d’une production semi-manufacturière de substitution aux importations. L’ensemble des activités industrielles est dominé par les experts et les capitaux étrangers. L’Afrique se contente encore de fournir une main-d’œuvre généralement peu efficace, parce que sans qualification et mal rémunérée. Les gouvernements africains peuvent chercher à accroître davantage l’impact de l’étranger sur leur développement. C’est une politique qui pourrait peut-être dans certains cas, comme en Côte-d’Ivoire, au Kenya, au Gabon et ailleurs, favoriser une certaine croissance, une certaine industrie d’exportation et l’aide au développement. Cette politique signifie encore que, naturellement, les ressources africaines seront plus intensément exploitées dans le cadre de l’économie mondiale, à laquelle elles seront entièrement intégrées. Par ailleurs, la croissance obtenue peut fort bien ne profiter, en définitive, qu’à une minorité d’individus dans les sociétés africaines.
Yvann AFDAL