Avec qui marcher désormais, entre un Affi N’Guessan à qui la justice confère la légalité et un Laurent Gbgabo loin du pays mais qui détient la légitimité ? Difficile équation à résoudre pour les partis d’opposition qui veulent s’allier au FPI.
À la libération de Simone Gbagbo, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) s’était précipité pour lui envoyer des émissaires afin de tenter de recoller les morceaux avec l’ex Première Dame. Bien que fortement médiatisées dans un contexte de bisbilles avec le Rassemblement des houphouëtistes pour la paix et la démocratie (RHDP), ces rencontres n’ont pas véritablement fait bouger les lignes. Entre la branche Affi N’Guessan et la ligne Gbagbo, les autres partis politiques se retrouvent partagés. Les plus faibles se sentant de plus en plus phagocytés par les deux grands que sont le PDCI et le FPI.
Imbroglio « Ce qui se passe aujourd’hui au FPI a une incidence directe sur la vie de l’opposition ivoirienne. La rencontre avortée entre Laurent Gbagbo et Pascal Affi N’Guessan, met mal à l’aise la plateforme de l’opposition », commente Firmin Kouadio, analyste politique. Abordé en premier par Pascal Affi N’Guessan, le PDCI est conscient que dans sa quête du pouvoir la réalité électorale du FPI se trouve chez Laurent Gbagbo. Le PDCI va-t-il lâcher la proie (Gbagbo) pour l’ombre (Aff) ? Véritable dilemme pour un parti qui a décidé, après 8 ans de cogestion du pouvoir, de reconquérir « avec ses propres armes » le pouvoir, en comptant sur l’apport d’un allié de taille (le FPI). Tenter de réconcilier les deux tendances pour en tirer des dividendes pour l’élection de 2020 s’avère un pari risqué. « Un FPI fort ira seul à la conquête du pouvoir et sera un adversaire de taille pour le PDCI », explique Firmin Kouadio, qui pense que le PDCI n’a aucun intérêt à s’investir pour recoller les deux morceaux. Une victoire du PDCI pourrait passer par l’absence des « Gbagbo ou rien » à l’élection de 2020 et au maintien de l’alliance avec Affi N’Guessan, selon lui. Laurent Gbagbo ayant déjà affirmé sa préférence pour une alliance des partis de gauche, l’on s’achemine vers une opposition avec « deux grands leaders que tout oppose, sauf une défaite d’Alassane Ouattara » ironise-t-il. L’autre inconnue est le retour hypothétique de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire avant l’échéance d’octobre 2020. Prudent, le PDCI avance ses cartes en maintenant dans le jeu toutes les options possibles. Mais, malgré une alliance avec la tendance conduite à l’époque par Aboudrahamane Sangaré, certains candidats (Charles Konan Banny et Bertin Kouadio Konan), après avoir multiplié les voyages à la Haye, n’étaient pas parvenus à s’attirer l’électorat FPI. Une donne à prendre en compte pour 2020.
Ouakaltio OUATTARA