Achi 1 : À l’ombre d’AGC

Le Président de la République Alassane Ouattara l’avait annoncé. Il voulait un gouvernement relativement jeune. La nomination d’un secrétaire général de la présidence de 39 ans avait annoncé les couleurs. Avec la publication officielle de la liste des membres du gouvernement, l’on note une moyenne d’âge de 50 ans.  Un gouvernement rajeuni qui devrait permettre de booster les énormes chantiers encore en cours ou à venir. À 78 ans, le Président de la République a besoin de sang neuf. Une volonté qu’il avait longuement partagée avec feu Amadou Gon Coulibaly et Patrick Achi. Les deux derniers cités avaient longuement travaillé sur le plan d’action 2021-2025 et avaient dressé depuis des portraits robots de personnalités sur qui ils pouvaient compter pour réaliser le projet.  

Attendu depuis la fin de l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, le premier gouvernement de la troisième République est désormais connu depuis le mardi 6 avril. 37 ministres et 4 secrétaires d’État. En thème mathématique, l’on note la sortie de 18 ministres et l’entrée de 13 autres avec une moyenne d’âge de 50 ans. Le plus âgé étant Téné Birahima Ouattara (65 ans), nommé ministre d’État, ministre de la défense et la plus jeune, Belmonde Mys Dogo 44 ans.  Depuis mars 2020, le Président de la République a appelé à une nouvelle génération. C’est que celle à laquelle il appartient, dont l’âge oscille entre 65 et 80 ans, devrait nécessairement passer le flambeau afin de faire face à de nouveaux défis. Mais une nouvelle génération c’est aussi de nouveaux visages et de nouvelles expériences. En homme méthodique, il en avait déjà tracé les sillons avec Amadou Coulibaly. Ce dernier, qui formait déjà une paire intelligente avec le premier ministre Jérôme Patrick Achi, avait élaboré des portraits robots de sa future équipe. «  Ce sera une équipe beaucoup plus jeune, avec de nouveaux visages et de nouvelles perspectives » aimait-il à le dire. Si le destin en a décidé autrement, son complice de tous les temps, devenu par la force des choses premier ministre, a souhaité honorer sa mémoire. Et cela saute à l’œil dès la première lecture de la liste des membres de ce tout nouveau gouvernement.

La marque Gon  Plus de la moitié des membres du gouvernent sont des personnalités qui avaient déjà travaillé sous l’ère Amadou Gon depuis 2017 et était vu comme « ses hommes les plus sûrs ». Il s’agit entre autre des ministres d’Amadou Koné, Mamadou Touré, Sanogo Moussa, Paulin Claude Danho, Amédé Kouakou, Epiphane Zorro, Roger Adom, Siandou Fofana, Jean Sansan Kambilé, Alain Richard Donwahi, Mys Belmonde Dogo, Adama Diawara, Laurent Tchagba, Brice Kouassi, Emmanuel Esmel Essis et les plus anciens tels que Kandia Camara, Bruno Nabagné Koné, Mariatou Koné, Anne Désiré Ouloto. À ce premier carré l’on note désormais la montée sur scène de d’autres proches restés longtemps derrière le rideau et qui abattaient un travail de fourmis. Il s’agit d’Amadou Coulibaly dit Ams, le tout nouveau ministre de la communication, porte-parole du gouvernement. Longtemps numéro 2 de la communication du palais, il a par la suite géré les renseignements extérieurs tout en restant l’un des conseillers en communication de feu Amadou Gon Coulibaly dont il est le neveu. Autre homme de l’antichambre, Adama Kamara. Élu récemment député à Odienné, il a été l’un des conseillers d’Amadou Gon. Appelé affectueusement Maître Kamara, il faisait partie du cercle restreint du cabinet du premier ministre d’alors. À ces deux l’on peut ajouter Nasseneba Touré, ministre de la femme, de la famille et de l’enfant, épouse de l’ex puissant conseiller de la présidence Amara Diané et maire d’Odiénné. Arlette Badou N’Guessan Kouamé maire de la commune d’Arrah et dont le père est l’un des premiers militant du Rassemblement des républicains (RDR) dans cette zone, Clarisse Kayo Mahi, secrétaire d’Etat chargé de la protection sociale, transfuge de l’UDPCI et Bouaké Fofana ministre de l’assainissement et de la salubrité.  Ce dernier occupait le fauteuil de directeur général de la SICOGI. Ces sept nouveaux entrants faisaient partie du cercle d’Amadou Gon  Coulibaly sur qui et avec qui il comptait. « La touche Amadou Gon se voit en filigrane dans ce gouvernement. C’est encore une fois la preuve de sa grande complicité avec le Premier ministre Patrick Achi et nous en sommes heureux » laisse échapper un de ses nouveaux ministres.

 

Des proches d’Hambak…Ils n’ont pas été oubliés. Et comme s’il ne voulait pas faire de mécontent dans les rangs de ces prédécesseurs, Patrick Achi a décidé de travailler avec les proches de ces derniers. Ainsi des ministres comme Félix Anoblé, ministre de la promotion des PME, de l’artisanat et du développement du secteur privé, Souleymane Diarrassouba, ministre du commerce, Sidi Tiémoko Touré, ministre de ressources animales et halieutiques, Alcide Djédjé ministre délégué, chargé de l’intégration africaine. Des cadres de compétence mais aussi faisant partie de la jeune génération de cadres du  RHDP depuis onze ans sur qui le gouvernement peut compter.

…Et une touche personnelle Mais Patrick Achi a tenu à avoir quelques hommes de son sérail. Il s’agit de Dimba Pierre, le nouveau ministre de la santé. Resté pendant longtemps sous l’ombre d’Amadou Gon, ce dernier avait fini par devenir presqu’un élève de Patrick Achi. Koffi N’Guessan, le ministre de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’apprentissage de même que le ministre de l’environnement et du développement durable, Jean Luc Assi constitue la garde rapprochée de Patrice Achi. Le premier est ancien président de l’INPHB et le second fraîchement élu député d’Akoupé était jusque-là directeur des affaires administratives et financières (DAAF) de l’ONEP.

Les défis  C’est donc une équipe composée essentiellement de cadres du parti au pouvoir qui sera à la tâche. Même si le portefeuille de la réconciliation reste aux mains de Bertin Kouadio Konan (candidat indépendant à la présidentielle de 2020), l’on note une absence de l’opposition. Des signaux importants d’un gouvernement d’ouverture avaient pourtant été donnés avant la formation du gouvernement. Mais au sein de l’opposition et même au sein du parti au pouvoir, les avis étaient partagés sur un gouvernement d’ouverture qui devrait voir l’entrée de certains cadres de l’opposition.  Autre fait marquant, l’absence de la société civile dans ce gouvernement. Une des rares fois sous l’ère Ouattara. Cela n’occulte en rien les nombreux défis auxquels ce gouvernement devra faire face. Le chantier de la réconciliation reste encore vaste et compte dans son bagage le retour ou non de Laurent Gbagbo attendu par ces milliers de sympathisants. Même si le volet politique de la désobéissance civile a été soldé, du moins presque, il n’en demeure pas moins que cela a occasionné des dégâts et des victimes qu’il faudra dédommager de même que des personnes détenues en attente de procès. Autre dossier sur lequel ce gouvernement est attendu, c'est sur le volet social, le partage des fruits de la croissance. Même si la pandémie à coronavirus continue de ralentir les économies, les populations attendent beaucoup de cette « Côte d’Ivoire solidaire » vendue par l’équipe de campagne d’Alassane Ouattara lors de la campagne présidentielle d’octobre 2020. La sécurité demeure également un autre enjeu crucial et la dernière attaque terroriste enregistrée à Kafolo il y’a dix jours le rappelle si bien. Autre défi, l’éducation nationale et l’emploi des jeunes. Longtemps traités, ils restent tout de même d’actualité et occupent un pan important du programme du gouvernement tout en restant une préoccupation majeure pour les populations.

Yann AFDAL

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