Il y a longtemps que les gouvernements successifs de Côte d’Ivoire sont confrontés au coût de l’éducation des enfants, que ce soit au primaire, au secondaire ou au supérieur. Doit-il être relevé pour améliorer la qualité de la formation ou doit-on aller plus vers le social afin de donner une chance aux plus démunis ?
Une éducation chère est-elle synonyme de qualité ? De plus en plus d’Ivoiriens sont prompts à inscrire leurs enfants dans des établissements privés dès qu’ils en ont les moyens. La première raison qu’ils invoquent pour justifier ce choix ? Un enseignement de qualité. A contrario, l’enseignement dans le public en Côte d’Ivoire est de plus en plus confronté à des crises. Quand elles ne viennent pas des enseignants, ce sont les élèves qui en sont à l’origine. Une année sans grève est rare dans le milieu. « Il faut ajouter à cela le manque de matériel. Les enseignants manquent un peu de tout dans les écoles pour travailler correctement », explique Bertoni Kouamé, Porte-parole de la Coalition des syndicats du secteur éducation / formation de Côte d’Ivoire (COSEFCI).
Rigueur De nombreux établissements, selon Ekoun Kouassi, Secrétaire général du Syndicat national des enseignants du second degré de Côte d’Ivoire (SYNESCI), ne disposent pas de matériel de laboratoire. Le cadre de travail relativement pauvre au sein des écoles publiques et le manque de rigueur, selon certains parents d’élèves, font que le niveau de l’enseignement baisse. « On doit investir dans l’éducation si on veut la qualité. Prenez le cas du lycée Sainte-Marie. Les élèves ont tout pour étudier et elles sont excellentes. Mais c’est très rare dans le public. La qualité de l’enseignement ne cadre pas avec le mot gratuité », note Abba Eban, Président du Mouvement national des enseignants de Côte d’Ivoire (MUNECI).
Pour lui, il est temps que les parents acceptent d’investir dans l’éducation des enfants plutôt que de tout exiger gratuitement. Tout comme cela a été un échec avec les politiques de gratuité dans le secteur de la santé, selon le MUNECI, le social ne va pas de pair avec une éducation de qualité. Alors, que doit faire la Côte d’Ivoire ? Laisser ce secteur entre les mains du privé ? Augmenter ses investissements dans l’éducation, avec plus d’infrastructures ? Ou bien continuer dans le social tout en privilégiant la sensibilisation ? Autant de questions que les autorités de l’Éducation nationale devront traiter à l’avenir.
Raphaël TANOH