Avec une économie basée sur des produits de rente et occupant de ce fait des rangs honorables de par sa production agricole, la Côte d’Ivoire est paradoxalement un pays qui consomme peu ce qui sort de ses terres.
Les données du Conseil café cacao (CCC) sont ahurissantes. Un Ivoirien consomme en moyenne et par an 500 grammes de chocolat, contre près de 4 kilogrammes pour un Européen. L’une des raisons est le prix élevé des produits chocolatés. 1 500 francs CFA la tablette industrielle transformée en Côte d’Ivoire contre 3 000 à 4 000 francs CFA la tablette importée. De façon générale, en Afrique, l'amande de la noix de cajou est consommée comme friandise ou cuite dans les sauces. On en extrait de l'huile, parfois on en prépare une sorte de beurre. Dans les zones rurales, la pomme cajou, juteuse, à la saveur acidulée, se mange fraîche ou séchée. D'après certaines sources du monde de l'industrie, les quantités exportées vers l'Inde, principal pays acheteur et transformateur de noix de cajou, seraient principalement destinées à un usage cosmétique ou pharmacologique. Et un usage alimentaire très répandu dans les pays d’Europe.
Habitudes alimentaires Très habitués à la consommation des produits vivriers, les Ivoiriens ont presque tourné le dos à la consommation de leurs produits agricoles de rente. « Il ne suffit pas de se lancer dans la transformation tous azimuts. Il faut trouver un marché local et sous-régional et, pourquoi pas, africain », avertit l’économiste Bertrand Niamien. Or, en la matière, soutient-il, la Côte d’Ivoire elle-même n’est pas un marché rentable et d’avenir. Il est difficile et même presque impossible de « convaincre » un chocolatier européen de venir s’installer à Abidjan dans un tel contexte, reconnait-il, tout en évoquant les énormes investissements à consentir pour un marché sous-régional dont les habitudes alimentaires laissent encore à désirer. Mais il faut aller plus loin, selon le sociologue Karim Ouattara. « Que ce soit le cacao, le café, la noix de cajou, l’hévéa, etc., très peu sont les Ivoiriens qui consomment les matières finies de ces produits ». Il poursuit en préconisant la construction de « véritable usines de transformation à l’échelle sous-régionale », afin d’attirer plus d’investisseurs et de consommateurs et pour conquérir le marché mondial. Malheureusement, « le pays est bien loin de cette politique ». Les principaux secteurs industriels sont la préparation industrielle des aliments, le textile, les matériaux de construction, les engrais, la mise en conserve du thon et l'assemblage des motos, véhicules et bicyclettes. « Encore que, dans ces domaines, nos pays subissent toujours le poids de la concurrence internationale ».