Les relations politiques entre la Côte d’Ivoire et le Ghana sont restées tendues durant longtemps. Une situation qui remonte à l’ère d’Houphouët Boigny et de Kwame N’Krumah et qui a connu de nombreux épisodes.
Les relations politiques n’ont pas toujours été paisibles entre ces deux pays voisins de l’Afrique de l’Ouest. Et cela remonte aux premières heures des indépendances. Si chaque pays a profité des périodes de troubles politiques de l’autre pour prendre de l’avance, rarement les autorités se sont mutuellement indexées de s’être mêlées de la politique interne de leur voisin.
Incidents fâcheux Le pic dans ces relations conflictuelles est venu de là où l’on s’y attendait le moins. Le football. En 1993, l'équipe de l’ASEC Mimosas dispute les demi-finales aller de la Coupe d´Afrique des clubs champions contre l'Ashanti Kotoko (Ghana). Elle gagne 3 à 1). À Kumasi, le 31 novembre 1993, l'Ashanti Kotoko utilise tous les moyens pour éliminer l'ASEC Mimosas au retour (score final 2 à 0). Des incidents sanglants interviennent à la suite de ce match et font plusieurs morts au Ghana et en Côte d’Ivoire. Cet épisode a marqué les esprits et crispé les relations entre les deux pays.
À la faveur de la crise postélectorale, plusieurs Ivoiriens se réfugient au Ghana. Abidjan multiplie les missions en terre ghanéenne afin de faire interpeller et extrader certains d’entre eux, sans grand succès. Puis en 2012 Abidjan accuse son voisin d’héberger plusieurs milices qui font des excursions en terre ivoirienne et attaquent des postes de gendarmerie et de police.
Décrispation L’arrivée au pouvoir au Ghana de Nana Akufo-Addo, en 2016, fait souffler un vent d’apaisement entre les deux pays. C’est que les deux Présidents (Alassane Ouattara et Akufo-Addo) se connaissent bien et se vouent mutuellement un profond respect. Le Président ghanéen connaît bien la Côte d’Ivoire, où son père a été accueilli par Félix Houphouët-Boigny après avoir été victime d’un coup d’État en 1972. Au cours de cette période difficile pour sa famille, Nana Akufo-Addo fait la connaissance de Marcel Amon Tanoh et de Adama Toungara, des proches d’Alassane Ouattara. S’ouvre ainsi une ère de « complicité » entre les deux pays, présentés comme des frères ennemis. S’en suivent aussi plusieurs visites d’amitié et de coopération entre les deux pays. Des occasions mises à profit pour insuffler une nouvelle dynamique à la coopération ivoiro - ghanéenne, à travers notamment la signature d'un « Accord de partenariat stratégique» (APS) entre les deux pays, dans les domaines stratégiques de la défense et de la sécurité, de l'économie cacaoyère, des questions maritimes et des politiques économiques, en octobre 2017. Depuis, les deux pays travaillent à rendre plus dynamiques leurs relations.
Ange-Stéphanie DJANGONE