Il serait difficile de faire le décompte des marchés partis en fumée sur le continent africain, tant les cas sont légion. Depuis des années, le phénomène perdure sans qu’on n’y apporte de solutions, au grand dam des commerçants, principales victimes.
Des incendies de marchés, le continent africain en a connu plein, et continue d’ailleurs d’en connaitre. D’Abidjan à Bamako, en passant par Lomé, Dakar ou Yaoundé, le décompte ne finit pas. Alors qu’en 2013 le marché de Lomé était parti en fumée au mois de janvier, celui de Mont-Bouët (Libreville) a connu deux incendies en mars et en mai 2016. Le marché central de Ouagadougou était lui dévasté en 2003, avant que celui Nioko 2 (arrondissement 4 de Ouagadougou) ne connaisse le même sort le 10 mars 2017. Bref, la liste n’est pas exhaustive et l’Afrique semble détenir la palme d’or de ces sinistres, qui font perdre beaucoup d’argent aux États et à des milliers de commerçants, leurs principales victimes.
Malédiction ? En juillet dernier, le célèbre marché londonien de Camden, lieu très prisé des touristes, a été ravagé par un incendie impressionnant. Mais, bien avant, en 2008, il avait déjà connu un sinistre majeur, causé par un chauffage au gaz défaillant. Une situation malheureuse qui n’épargne aucunement les grandes villes d’Europe, disposant pourtant de toutes les infrastructures. Mais dans la plupart des pays d’Afrique, le nombre de marchés détruit par les flammes et la récurrence des incendies au cours de la dernière décennie a toujours amené à se poser des interrogations. Si les causes évoquées sont les mêmes partout, le plus souvent une étincelle due à un court-circuit, les commerçants sinistrés ont de tout temps pointé du doigt les autorités, en décriant leur laxisme, là où d’autres voient plutôt les mains sombres de certains politiciens, comme ce fut le cas pour les incendies des marchés de Kara et de Lomé, en janvier 2013, qui ont engendré l’inculpation de plusieurs responsables de l’opposition, dont Jean-Pierre Fabre. Mais si le nombre d’incendies des marchés sur le continent n’a cessé de croitre, c’est qu’il faut pointer du doigt l’incivisme des commerçants. Entre les installations incontrôlées et hors périmètre et l’utilisation abusive de l’électricité, assortie de branchements anarchiques au courant, toutes les conditions sont réunies pour provoquer des départs de feu. Une réalité dont les responsables des marchés d’Afrique semblent n’avoir peut-être pas encore pris pleinement conscience. D’un pays africain à un autre, c’est le même cycle implacable qui se déroule, si bien que certains s’interrogent sur une « probable malédiction » autour de ces marchés, souvent au cœur de violentes rivalités pour leur propriété entre communautés ethniques ou religieuses ou entre hommes politiques ou d’affaires.
Anthony NIAMKE