Depuis la fin de la crise postélectorale en avril 2011, gouvernement et opposition ne s’accordent pas sur le nombre et la qualification d’un certain nombre de détenus. Ceux-ci sont prisonniers de droit commun pour le gouvernement alors que l’opposition les considère comme des prisonniers politiques
Plus de cinq ans après la fin de la crise postélectorale, des hommes politiques et des militaires sont encore dans les liens de la détention Pour le pouvoir, ces personnes poursuivies pour complots et attentats à la sureté de l’Etat, ont été arrêtées après une vague d’attaques qui avaient secoué le pays à l'époque. Si certains détenus ont été jugés et condamnés à des peines allant jusqu’à vingt ans de prison, d’autres sont, pour l’heure, sans procès et ignorent, parfois, les motifs de leur détention. Voilà certainement pourquoi, dans ses vœux de nouvel an, le président de la République Alassane Ouattara, qui a invité ses concitoyens à la concertation et à la culture de la paix, a décidé d'accorder « la grâce à 2942 détenus de droit commun en application de l'article 66 de la Constitution. »
Guerre de terminologie Pour le gouvernement ivoirien, il est clair qu’il n’y pas de prisonniers politiques, mais des prisonniers de droit commun. Si le ministre de la Justice, Sansan Kambilé, ne cesse de le répéter, défiant quiconque de « prouver le contraire », le président de la République, agacé par cette question indiquait, en mai dernier : « Il faut que cette intoxication cesse. » Un appel manifestement pas entendu de cette oreille par les opposants qui, à chaque rencontre dans le cadre du dialogue avec le gouvernement, remettent la question sur la table, revendiquant 241 « prisonniers politiques et militaires. » Pour l’opposition ivoirienne, tous ceux qui se trouvent dans les différentes prisons du pays pour une raison liée à la politique sont considérés comme des « prisonniers d’opinion. » Un malentendu que devront s’atteler à lever pouvoir et opposition au cours de cette année libre de tout enjeu politique, aucune échéance électorale n’étant prévue en 2017.
Décrispation ? Le gouvernement va-t-il jouer à fond la carte de la décrispation en libérant un bon nombre de détenus proches de l’opposition ? Rien n’est, pour l’instant, sûr. Dans la mesure où des personnalités (ex-ministres) comme Assoa Adou, Hubert Oulaye et Moise Lida Kouassi et une centaine de personnes sont en attente de leur procès, depuis au moins deux ans. La grâce présidentielle ne concernant que les personnes déjà jugées et condamnées, ne profitera donc pas à ces derniers. Toutefois, selon une source proche du ministère en charge de dialogue politique, des dispositions particulières pourraient être prises afin d’élargir certains d’entre eux.
Ouakaltio Ouattara