Les caisses de retraite sont de plus en plus essoufflées en Afrique de l’Ouest au point que couvrir les pensions et les allocations familiales devient un casse-tête permanent. Les pays de la sous-région tentent de prendre le taureau par les cornes en s’engageant dans la voie des réformes qui ne semblent pas encore être la panacée.
La Côte d’Ivoire semble être le dernier des pays de la sous-région à se conformer aux exigences de l’Union monétaire et économique ouest africaine (UEMOA) en matière de retraite. Le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso, pour ne citer que ces pays, avaient initié depuis 2005 une série de réformes qui reculent notamment l’âge de la retraite et augmentent le taux des cotisations. Dans la sous-région ouest-africaine, selon les études de Philipe Antoine, spécialiste des questions de retraite, tous les pays francophones de l’Afrique de l’Ouest sont passés à 60 voire 65 ans pour l’âge de la retraite. Le ratio retraité/cotisant se détériore de plus en plus et devient un poids pour la trésorerie des structures chargées de gérer les retraités. En moyenne, plus de 30 milliards de francs CFA par an sont alloués pour la subvention des pensions de retraite. « Cette détérioration résulte en partie de la diminution relative du nombre de cotisants » explique Philipe Antoine. À la préoccupation des salariés qui jugent les réformes antisociales, répond celle des experts qui s’inquiètent de la viabilité de systèmes de retraite hérités de la période coloniale. Au Mali, malgré les réformes, la caisse des retraités n’arrive plus à couvrir les pensions, et autres allocations familiales. Sans ces réformes, les pensions de plus de 25 milliards de francs CFA, versées en 2004 au titre des régimes gérés par la caisse des retraites auraient atteint 60,8 milliards en 2012. Les mesures privent les retraités de 10% à 25% de leurs pensions, remeten cause le droit acquis de la veuve demoins de 35 ans sans enfant en chargeet lamine les allocations familiales, estiment les fonctionnaires maliens. AuBurkina et au Niger, la situation n’estguère plus reluisante. Le financementdes prestations du régime est assurépar des cotisations dont le taux globalvarie entre 20% et 22% du solde indiciaire soit 8% (une augmentation de 1%)à la charge de l’employé alors que l’Étatfournit 12%. De tels chiffres remettent encause le système de pension hérité de lacolonisation et imposent des réformesprofondes dont le coût politique et socialpeut être élevé.
Ouakaltio OUATTARA