Opération reconquête de l'espace public

Une vaste opération qui a libéré le boulevard Nangui Abrogoua, principale voie de la commune d’Adjamé.

L’administration Ouattara n’en est pas à son premier coup d’essai contre les occupations illégales de la voirie et des trottoirs. Déjà, en 2012, au ministère de la Salubrité, la ministre Anne-Désirée Ouloto, baptisée « Maman Bulldozer », lançait ses engins dans le district d’Abidjan. Mais l’opération avait été mal acceptée par les Ivoiriens, qui sortaient d’une longue crise. Plusieurs voix s’y étaient opposé, et Mme Ouloto avait alors été mutée dans un autre ministère. L’opération avait été reprise par son successeur, le ministre Alla Kouadio Remi, en 2015, sans succès, aux bénéfice des commerçants du district d’Abidjan qui en ont profité pour se réinstaller. De retour à son poste initial, « Maman Bulldozer » remet ça. Jusqu’où ira t-elle cette fois-ci ?

L’alibi a été trouvé. Pour reprendre l’opération de déguerpissement des occupations anarchiques et insa- lubres des emprises des voies publiques, la ministre Anne-Désirée Ouloto s’est adossée à la « Semaine nationale de la salubrité », du 1er au 6 août dernier. Après Cocody, où l’opération s’est déroulée dans le calme, le ministère de la Salubrité a attaqué Adjamé, commune du commerce, où, curieusement, les marchés construits sont vides au profit des voies et trottoirs transformés en lieu de transactions diverses.

Opération sous haute surveillance
La leçon a été retenue. En 2012, lors d’une opération de déguerpissement d’un marché à Abobo, l’équipe ministérielle avait trouvé son salut dans la cour de la mairie, devenue un refuge. Des mécontents n’avaient pas hésité à utiliser des armes à feu, mettant en difficulté les forces de l’ordre venues peu nombreuses. Récemment, en début d’année 2016, le domicile du maire d’Adjamé avait été pillé par des populations mécontentes de voir leurs lieux d’habitation et leurs commerces détruits. Cette fois, les précautions ont été prises par le ministère. En plus des policiers mobilisés pour la circonstance, une cinquantaine de militaires étaient aussi présents afin de parer à toute éventualité. Si dans l’ensemble, cette présence a dissuadé les plus récalcitrants, cela n’a pas été le cas, le mardi 23 août. Les agents du ministère commis à la tâche ont essuyé des jets de pierres au niveau du marché « Roxy ». Un marché reconnu pour la vente de médicaments pharmaceutiques « parterre ». Même si cette attaque a été vite maîtrisée, elle n’a pas empêché des voyous de profiter de la débandade générale pour faire les poches aux passants et agresser certains. Cela n’a nullement empêché l’opération de se poursuivre et de se terminer vendredi 26 août. Le déguerpissement a permis de libérer plusieurs axes routiers, et surtout de désengorger le boulevard Nangui Abrogoua, la voie centrale d’Adjamé. « La destruction des constructions anarchiques occupant les domaines publics, les chaussées, les parkings est salutaire pour nous, habitants riverains des marchés d’Adjamé », a lancé au passage Abass Touré, pendant que les machines broyaient des magasins installés depuis près de 20 ans dans la rue qu’il habite. Mais les commerçants concernés, eux, ne sont pas de cet avis. Ils lancent des insultes, plaintes et complaintes avec des regards désabusés aux agents commis au déguerpissement. « L’opération était censée se tenir uniquement sur le boulevard Nangui Abrogoua. À notre grande surprise, les machines ont détruit les magasins situés dans les ruelles », se morfond Aboubacar Guindo. Pourtant, poursuit-il, les commerçants installés dans ces ruelles paient 50 000 francs CFA par an à la mairie, pour occupation du domaine public, en plus des taxes journalières. Issiaka Bouné, commerçant, installé au sein du marché du Forum se réjouit de cette opération. « Ceux qui vendent sur la voie publique, en plus d’empêcher nos clients de stationner, nous les volent. Nous payons d’énormes taxes à la mairie, et malheureusement nous sommes les gros perdants. Avec cette opération, nous sommes convaincus que plus rien n’empêchera la clientèle de venir directement vers nous », nous a-t-il confié.

La problématique du suivi
« Le plus difficile n’est pas de commencer, ni de terminer, mais de suivre au quotidien, afin que le désordre ne se réinstalle plus», estime Hadja Cissé, une commerçante. Même si Jules Yao Yao, chef de cabinet du ministère de la Salubrité urbaine et de l’Assainissement rassure, en parlant de la brigade de la salubrité, il y a de quoi rester pessimiste. Alors que l’opération de déguerpissement se déroulait, certains commerçants ambulants étaient encore présents aux abords des lieux, quand d’autres déposaient leurs marchandises à même le sol dans certaines ruelles, continuant ainsi leurs activités. « On a déjà vu ça ! C’est pour deux ou trois mois. On va revenir bientôt. Même Zakaria (NDLR, le Lieutenant-colonel Zakaria Koné) ne nous a pas fait reculer ! », défie Nastou Traoré, sous les applaudissements et approbations d’autres commerçants. Cet avis est partagé, un peu plus loin, par Oscar Ouédraogo, pour qui « tant que les commerçants ne seront pas réinstallés, ils vont revenir sur la voie publique. La proposition du maire d’aller vers d’autres marchés ne tient pas, car le cœur du commerce à Adjamé reste le boulevard Nangui Abrogoua. » Thierry Kobenan estime quant à lui, que si depuis 2012 les commerçants de la « rue Princesse » ne sont pas revenus sur le trottoir, c’est tout simplement parce qu’ils ont jugé que reconstruire les magasins démolis était risqué. Par contre, à Adjamé, soutient-il, ceux qui occupent la voie publique et les trottoirs ont juste besoin de box et de parasols, pour défier le soleil…

Des maires partagés
Pertes de recettes fiscales et désaveu des électeurs à un an des élections municipales sont autant de craintes que partagent les maires du district d’Abidjan. Même si, officiellement, ils sont en accord avec cette opération. Contrairement à ses homologues Gilbert Kafana Koné, maire de Yopougon, entend profiter de cette opération pour assainir sa commune. Ainsi, plusieurs commerçants installés sur le domaine public ontils reçu des mises en demeure valables jusqu’à la mi-septembre, quand d’autres secteurs de cette même commune ont déjà été visités par des bulldozers commis à cet effet. À l’opposé, à Abobo, Attécoubé, Koumassi et Port-Bouët, les maires hésitent à s’engager pleinement dans cette lutte contre l’insalubrité. « La question est délicate. Abobo est un terrain difficile, il est donc préférable que ce soit le ministère qui commence », lance un agent de la commune sous couvert de l’anonymat. À Attécoubé, des proches du maire indiquent attendre la fin des travaux du nouveau marché avant de suivre. Des travaux pourtant stoppés il y’a plus de six mois…

Ouakaltio OUATTARA

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