Les parcs et les réserves naturelles de la Côte d’Ivoire sont agressés. Des structures étatiques ont pris des mesures, mais elles s’avèrent insuffisantes dans la lutte contre la déforestation et le braconnage.
Normalement, dans les aires protégées, les forêts ne peuvent servir de plantations et les bêtes ne peuvent être braconnées ou chassées. Et pourtant, si! Tout porte à croire que les parcs et réserves de la Côte d’Ivoire ne sont plus des espaces protégés. Sur 2 100 000 hectares de parcs nationaux et de réserves naturels, 100 000, 70 000 hectares au parc national de la Marahoué et environ 30 000 hectares au parc national du Mont Péko, sont infiltrés. Bien que les populations de ces zones aient été déguerpies, il n’en demeure pas moins que de larges surfaces de forêts ont disparu à ces endroits. D'après certaines estimations, de nombreuses espèces animales en auraient fait de même. La première cause est le braconnage, qui a atteint des sommets ces dernières années. Cette pratique touche tout le continent africain et les produits qui en sont issus sont majoritairement destinés au marché sud-asiatique.
Réactions timides En charge de de préserver la faune et la flore, l’Office ivoirien des parcs et réserves (OIPR) multiplie les annonces, sans véritable impact sur le terrain. Face au braconnage et à l’exploitation forestière dans ces aires protégées, certaines dispositions ont été prises par cette structure étatique. Selon une source bien introduite à l’Oipr, « un commando spécialisé en lutte anti-braconnage » a été mis en place en 2016. L’objectif, toujours selon notre source, étant de renforcer les capacités techniques des agents pour les rendre plus opérationnels dans le cadre d’une meilleure surveillance des parcs nationaux et réserves de Côte d’Ivoire. « Nous voulons assurer une gestion coordonnée, plus efficace et plus viable, des aires protégées, ainsi que de leurs ressources animales et végétales », affirme notre interlocuteur. Selon un fonctionnaire du ministère des Eaux et forêts qui a requis l’anonymat, des partenariats avec plusieurs ONG et d’autres structures ont été mis en place pour lutter contre le fléau. Des services de renseignement permettent de tracer les réseaux de braconniers qui existent sur le continent africain. Toutefois, notre interlocuteur dénonce l’absence de moyens. Selon lui, les agents spécialisés en lutte contre le braconnage ne sont pas suffisamment armés. « Très souvent, les braconniers sont plus armés qu’eux », révèle-t-il. À l’en croire, il faut déployer de grands moyens, y compris militaires, pour faire face à des bandes bien organisées et lourdement armées. « L’État doit songer à mieux équiper ses agents s’il veut barrer le chemin aux braconniers qui sévissent partout en Afrique ».
Adélaïde KONIN