Amadou Soumahoro : La continuité

Le poste de président du parlement était lorgné tant en interne au RHDP qu’au sein de l’opposition. Des noms d’élus du RHDP avaient d’ailleurs circulé dans certains salons. La santé fragile ces derniers temps d’Amadou Soumahoro avait laissé courir la rumeur d’un probable remplacement de ce dernier. Au finish, Amadou Soumahoro, désigné par son parti a été plébiscité pour un mandat de cinq ans. « Tchomba » qui a réduit ses sorties officielles bénéficie ainsi de la confiance du Président de la République à un poste qu’il a longtemps lorgné avant de l’avoir en mars 2019 après la démission de Guillaume Soro. Qu’est ce qui a bien pu jouer en sa faveur ? Amadou Soumahoro pourra-t-il marquer le parlement d’une empreinte indélébile ?

Amadou Soumahoro (68 ans) se succède à lui-même depuis le mardi 30 mars 2021 à la tête de la présidence du parlement ivoirien. Elu à ce poste pour la première fois le 7 mars 2019, son premier mandat n’a duré que deux ans. Il termine le mandat de son prédécesseur Guillaume Soro, démissionnaire. Deux ans plus tard jour pour jour, il est réélu sans bataille député de la circonscription de Séguela dans la région du Worodougou (Nord-Ouest). Il devient le président de l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF) depuis le 9 juillet 2019 pour un mandat de deux ans.

L’homme des premières heures Amadou Soumahoro, ex-Secrétaire général délégué local PDCI de Séguéla achève sa formation académique et professionnelle par une formation sur le système généralisé de préférence commerciale entre pays en développement, pays développés et ceux du Sud en 1983. De 1986 à 1990, Amadou Soumahoro a été à la tête du secrétariat permanent du Comité de coordination des activités du PDCI-RDA dans le Département de Séguéla, puis membre du secrétariat de la présidence du congrès du PDCI-RDA. Il a été membre du bureau politique du PDCI-RDA de 1990 à 1993. Parallèlement, il devient un membre du conseil municipal de la commune de Séguéla de 1991 à 1994. Toujours en 1990, Amadou Soumahoro intègre un petit groupe à leur tête Djéni Kobina et décident ensemble de s'organiser afin de créer un grand parti politique, le Rassemblement des républicains (RDR). C'est ainsi que Djéni Kobina, Amadou Soumahoro, Zémogo Fofana, Hyacinthe Sarassoro, Alexandre Ahié Ahié rédigent les textes, les statuts et règlement intérieur. Amadou Soumahoro devient alors avec ses pairs, membre fondateur du Rassemblement des Républicains le 27 septembre 1994. « Il était hésitant. Il avait même voulu retirer son nom de la liste des membres fondateurs du RDR lorsqu’Henriette Dagri Diabaté avait refusé dans un premier temps d’adhérer à ce nouveau parti » se souvient l’un des membres fondateurs. « La signature de Hyacinthe Sarassoro l’avait galvanisé par la suite. Depuis, il a été l’un des plus engagé après la création du parti » poursuit ce dernier. Dans le parti il trouve très vite une complicité avec feu Amadou Gon Couliblay et les deux se vouent un profond respect et s’appellent « Homo ». Avec Zémogo Fofana, Kandia Camara, Feu Amadou Gon Coulibaly et Frédérique Guédé Guina et autres, il parcourt le pays pour l’implantation du nouveau parti. « Engagé, il a toujours voué un profond respect et une profonde admiration pour le Président Alassane Ouattara » renchérit ce dernier. D’ailleurs Amadou Soumahoro le dit lui-même si bien « Sur terre, après Dieu, c’est Alassane Ouattara. » En 2011, après avoir été élu pour la première fois député, il croit en ses chances d’être le premier président du parlement Ivoirien sous l’ère Ouattara. Ce sera une douche froide pour lui. Il prend son mal en patience en espérant être appelé au gouvernement. Là encore il n’obtient pas gain de cause. Même s’il s’en plaint à certains de ses compagnons de lutte, il évite de le faire en public afin de ne pas heurter le Président Alassane Ouattara. En juillet 2011, il est désigné secrétaire général par intérim du RDR. S’il occupe ce poste jusqu’à septembre 2017, doublé de celui de président du directoire du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP) de février 2015 à septembre 2017, il obtient du Président de la République une nomination en qualité de conseiller du président de la République de 2011 à 2015 puis ministre auprès du président de la République chargé des affaires politiques. Il s’en contente jusqu’en mars 2019 « L’heure de sa gloire ». Pour rappel, Il a assuré les fonctions de ministre du commerce extérieur en 2002 et de ministre du commerce de 2003 à 2005.

Affaiblis… Le 24 février 2021, il rentre en Côte d'Ivoire, suite à une infection à la covid-19 il était hospitalisé en Europe convie une source proche. Depuis, le président du parlement ivoirien reste quelque peu affaibli par la maladie. À l’approche du renouvellement du siège du président du parlement, des noms circulent. Il s’agit du directeur exécutif du RHDP, Adama Bictogo ou encore de la bouillonnante Kandia Camara que certains annonçaient sur le départ du gouvernement. Jean Louis Billon n’a pas hésité à le tacler sur la question. « L'Assemblée Nationale est le pouvoir législatif et avoir un président aussi diminué, est pour ma part dommage. Et je tenais à le dire parce que c'est la première fois que nous allons commencer une législature avec un président malade. Mais c’est la démocratie et le RHDP en a décidé ainsi » lance-t-il assez sévèrement. Un avis que ne partagent pas les députés de son parti. « En plus d’être l’un des fidèle et loyal du Président Ouattara dès les premières heures du RDR, il a un mandat en cours à la présidence de l’Association des parlementaires Francophones (APF) » explique Da Sansan député et président des jeunes du RHDP depuis 2012. Mieux, renchérit son collaborateur Ali Baba Timité « Il a contribué à l’obtention du statut des députés ivoiriens et a besoin de temps pour poursuivre des réformes dans le cadre de l’amélioration des conditions de travail des députés et du personnel de la chambre basse du parlement. »

Mais… Toujours prêt pour le service « Tant que j’aurais le souffle de vie, je dois être au service du Président Alassane Ouattara » aurait-il confié à certains de ses proches. Pas questions pour lui d’abandonner le navire en ce moment. Il garde ainsi l’espoir que sa santé pourrait s’améliorer d’ici peu s’il « suit convenablement les prescriptions de ces médecins. » Le Président du parlement est le numéro 3 dans l’ordre protocolaire après le vice-président sauf que c’est un poste où la charge n’est pas immense soutient un député selon qui « avec 11 Vice-présidents, il ne sera pas obligé d’être présent à toutes les séances. Il faut bien que les vice-présidents servent à quelque chose » lance ce dernier avant de renchérir « Le poste de président du Sénat est resté vacant pendant huit mois pour cause de maladie son président et cela n’a en rien empêché cette institution de fonctionner correctement ». La prochaine apparition publique d’Amadou Soumahoro est prévue pour ce 1ER avril lors de la rentrée solennelle de l’assemblée nationale. Il y est attendu pour un grand discours d’orientation et d’engagement du parlement aux côtés du gouvernement afin d’aider l’exécutif à faire voter ses lois au sein d’un parlement largement dominé par le parti au pouvoir. D’ailleurs les couleurs ont déjà été annoncées. Alors que le RHDP compte 137 élus sous sa bannière et 18 indépendants qui l’ont rejoint, Amadou Soumahoro a été élu avec 158 voix contre 85 pour le candidat de l’opposition.

Yvan AFDAL

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