Président du Réseau des acteurs des médias pour les droits de l’enfant en Côte d’Ivoire (RAMEDE-CI)
1 - Comment jugez-vous la situation de la déclaration de nais- sance des enfants en Côte d’Ivoire ?
Nous la jugeons alarmante au vu du nombre des enfants ivoiriens qui sont sans existence juridique. Or, qui parle de personne sans extraits de naissance parle de personne privées de soins et d’éducation. Le chiffre de trois millions est alarmant.
2 - Qu’est ce qui pourrait justifier ce chiffre, malgré toutes les campagnes autour de la question ?
Il faut reconnaître que la bonne volonté se heurte à de nombreux obstacles. Il s’agit, dans un premier temps, de l’ignorance des populations qui ne savent pas que la déclaration est gratuite. Il y a aussi le fait que les agents de l’état civil sont très peu formés. À cela s’ajoute la corruption de certains d’entre eux qui exigent des sommes d’argent des parents avant d’enregistrer leurs enfants. L’autre frein, c’est aussi le fait que plusieurs parents ne connaissent pas l’importance de la déclaration de naissance. Enfin, l’un des plus gros soucis réside dans l’inaccessibilité des mairies, en raison de la distance et aussi parce que certains enfants naissent encore hors des centres de santé.
3 - À cette allure, comment pourra-t-on parler d’une bonne politique pour l’école gratuite ?
Pour y arriver, il faut une véritable synergie des efforts au niveau des entités impliquées. Il s’agit du ministère de l’Intérieur, du ministère de l’Éducation nationale et du ministère de la Santé. Leur implication et leur collaboration sur les questions de l’état civil pourront sauver ces millions d’enfants afin de leur garantir un avenir et réduire les risques qu’ils constituent pour la société.