1 - Quel regard portez-vous sur la stratégie de boycott de l’opposition ?
L’opposition n’a pas été suivie dans sa stratégie d’appel à l’abstention pour un groupe, et de boycott pur et simple pour l’autre. D’une part, le vote s’est globalement déroulé dans le calme, en dépit de quelques incidents isolés, aussi bien à Abidjan que dans certaines localités traditionnellement favorables au camp Gbagbo. Était-ce la bonne stratégie ? Manifestement non, puisque l’objectif du boycott ou de l’abstention n’a pas été atteint, comme on le voit avec les chiffres officiels de la CEI.
2 - Comment appréciez-vous le taux de participation ?
Le taux de participation est en deçà de celui qui a consacré la constitution de 2000. J’y vois trois explications. Primo, les Ivoiriens ne sont pas passionnés par des élections intermédiaires (locales ou référendaires), mais plutôt par la présidentielle. Deuzio, l’appel au boycott de l’opposition a contribué à l’accroissement de l’abstention, de sorte qu’on a eu l’impression que seuls les supporters du pouvoir se sont déplacés. Enfin, le projet n’a pas été bien vulgarisé par le pouvoir.
3 - Quelles peuvent être les perspectives d’avenir ?
Le pouvoir devrait savoir bien interpréter ces chiffres. L’abstention record dans une commune comme Adjamé, ordinairement proche du RDR, et le vote relativement timide dans les fiefs traditionnels du PDCI, sont un message que les partisans du pouvoir envoient aux dirigeants. Quant à l’opposition, si elle continue de surfer sur le désintérêt général des Ivoiriens pour la politique, elle continuera de se faire hara-kiri. Elle gagnerait à se montrer plus soudée et plus pertinente en matière de stratégie.