Depuis l’avènement de la pandémie à coronavirus sur le sol ivoirien, l’économie ainsi que les poches des acteurs se sont taries. La solution, pour les autorités, a été de leur venir en aide en initiant un plan d’urgence. Qui est concerné ? La question divise.
Le plan d’urgence sanitaire de plus de 1 700 milliards de FCFA décliné par les autorités pour combattre la pandémie à coronavirus est lorgné de près et de loin par les Ivoiriens. Particuliers, structures, organisations, etc., chacun veut sa part du gâteau. Même si les autorités d’évertuent à expliquer qu’il ne s’agit pas d’un gâteau à partager, mais d’une bouée de sauvetage destinée aux plus nécessiteux, environ 81 000 petits commerces, plus de 31 000 Petites et moyennes entreprises (PME), quelques centaines d’ONG et, aujourd’hui, certains religieux, qui estiment être dans le besoin. Mais, selon Gnagna Zadi Théodore, Président de la plateforme nationale des organisations professionnelles de Côte d’Ivoire, ceux qui doivent véritablement bénéficier en ce moment de l’aide des autorités sont les travailleurs du secteur privé.
Mal logé Or, ils ne font pas partie du plan, seulement leurs entreprises. « Dans de nombreuses écoles privées, l’arrêt des cours a provoqué un arrêt des salaires. Selon ce qui nous revient, beaucoup parmi ces travailleurs sont dans une situation extrême. Mais il n’y a aucun plan pour leur venir en aide », déplore M. Zadi. Un diagnostic similaire est établi par Ben N’Faly Soumahoro, Président de la Fédération ivoirienne des consommateurs le Réveil (FICR). « L’aide est censée être destinée aux plus démunis, mais, d’après ce que nous avons vu, ce ne sont pas toujours eux qui en bénéficient ». Pour lui, les critères de sélection font que ce sont ceux qui sont le plus « prêts » qui bénéficient de l’aide d’urgence Covid-19. « Concernant les entreprises privées, les critères de sélection ne privilégient que celles qui sont par exemple à jour de leurs impôts. Lorsque vous observez lesdits critères, vous verrez qu’au final les structures qui vont bénéficier d’aides sont celles qui ont en réalité des moyens », ajoute Marius Comoé, Président du Conseil national des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire (CNOC). Que ce soit au niveau des particuliers ou des entreprises, selon Gnagna Zadi, les plus nécessiteux sont laissés pour compte. Lorsque Marius Comoé souligne qu’il n’y a pas de véritables critères pour désigner qui est pauvre et qui est riche en Côte d’Ivoire, Satigui Koné, le Président de la Fédération des ONG de Côte d’Ivoire (FEDOCI) ajoute que le choix des bénéficiaires des aides ne s’est pas fait sans un certain favoritisme. De quoi rebuter certains imams, qui pensent que leur organisation doit elle aussi faire l’objet d’un plan d’aide.
Raphaël TANOH