Depuis maintenant plusieurs années, le processus d’organisation des concours fait appel à l’informatique et à la numérisation. L’objectif premier étant la célérité, mais aussi la lutte contre la fraude. Si le premier volet a gagné en efficacité, le second est toujours sujet à débats.
Le 24 décembre 2015, au moment où tous les candidats déclarés admissibles au concours professionnel du cycle moyen supérieur de l’École nationale d’administration (ENA) s’apprêtaient à savourer leur première victoire, en attendant les épreuves orales, ils ont été stoppés dans leur élan par un communiqué émanant du ministère de la Fonction publique. Il y aurait eu 23 cas de fraude sur la liste des admissibles ! Lors de sa mission d’inspection, Flavien Traoré, Inspecteur général du ministère de la Fonction publique, soulignait dans sa déclaration : « (…) Le président et les membres du jury du concours d’admissibilité au Cycle moyen supérieur (CMS) ne sont pas à l’origine des recherches qui ont abouti à la confection de la liste des 23 candidats déclarés irrégulièrement admissibles. Ils ont suivi à la lettre les instructions inscrites sur un mode opératoire, sans connaître le processus informatique de délibération, qu’ils ont découvert seulement le jour de la délibération. Ils n’ont participé à aucune séance préalable de démonstration ».
Impossible à éradiquer ? Ce qui restera à jamais une leçon pour tous démontre que le processus informatique n’est pas toujours synonyme de transparence, ni de lutte contre la fraude. Et qu’il peut bien, au contraire, être source de grandes incertitudes. Ce ne sont pourtant pas les innovations qui manquent chaque année. Au fil des concours administratifs de la Fonction publique, les Ivoiriens ont assisté peu à peu à l’introduction de l’informatique dans le processus, depuis les inscriptions en ligne jusqu’à la publication des résultats. Les feuilles de copies sont même codifiées pour les rendre uniques et impossibles à remplacer. Une stratégie mise en place pour enrayer la fraude pendant les épreuves. Mais il faut être réaliste : cela n’a pas mis fin à la triche. Aujourd’hui, le discours du ministre de la Fonction publique au sujet de cette pratique est beaucoup plus circonspect. Pour le général Issa Coulibaly, certes, on ne peut pas parvenir à zéro fraude, mais il faut mettre en place tout ce qui est nécessaire pour réduire le plus possible ce phénomène. « La fraude reste la fraude. Il est vrai que la mise en place de certains systèmes informatiques peut contribuer à réduire le phénomène de la fraude, mais le combat est à mener aussi ailleurs », estime Appolinaire Tapé Djédjé, Président de Confédération des syndicats des fonctionnaires de Côte d'Ivoire (COSYFOCI).
Raphaël TANOH