Depuis maintenant quelques années, les réseaux sociaux occupent une place importante dans la diffusion de l’information en Côte d’Ivoire. Hélas, ce sont des informations qu’il faut souvent prendre avec des pincettes.
En début d’année, des internautes ont publié des chiffres erronés sur certains tarifs, notamment pour l’accouchement et une consultation en gynécologie à l’Hôpital mère-enfant de Bingerville. Une fake news, selon la structure, qui laisserait croire que l’établissement, qui se veut social, est loin d’accueillir les plus démunis.
Amplificateur « En Côte d’Ivoire, on a vu apparaître de faux sondages, dont le dernier donnait au premier tour 34% des voix à l’ancien Président Gbagbo et 14% à Alassane Ouattara. Le principe de toutes ces méthodes est double : installer une idée dans l’opinion publique et instaurer le doute », explique le politologue et éditorialiste Christian Gambotti, auteur de plusieurs articles sur les fake news. Et la pratique prend de plus en plus d’ampleur dans les réseaux sociaux. L’expert cite également « l'astroturfing », une technique qui consiste à créer de toutes pièces de fausses informations, de faux sondages, de faux comptes, en leur donnant l'apparence de quelque chose de spontané et de populaire, afin d’influencer l'opinion publique. Les cas sont légion. C’est conscient du danger des fausses informations relayées sur les réseaux sociaux et par certains médias qu’en juin dernier le Président de la République, Alassane Ouattara, a annoncé une loi sur les fake news. « Au-delà du caractère légal qui existe, il nous faut aller plus loin et élaborer une véritable loi sur les fake news pour protéger davantage nos concitoyens et notre pays », a estimé le chef de l’État. Si cette loi voit le jour, la Côte d’Ivoire fera partie des rares pays au monde à avoir adopté une législation sur la question. Parmi eux, la Malaisie. Le parlement malaisien a approuvé en avril 2018 une loi punissant la propagation d'informations « partiellement ou totalement fausses » de peines allant jusqu'à six ans d'emprisonnement et plus de 70 millions de francs CFA d’amende. Le Kenya a également promulgué une loi qui vise non seulement la cybercriminalité, mais entend aussi prévenir la propagation des fake news. Un des articles prévoit une amende d’environ 28 millions francs CFA et / ou deux ans de prison pour la publication de « données fausses, trompeuses ou fictives ». Mais, dans ces pays, ces nouvelles dispositions font généralement l'objet de fortes critiques au nom de la défense de la liberté d'expression. De sorte que beaucoup se demandent encore quelle posture adopter. « C’est une erreur de négliger la riposte, car une fausse information qui embrase la toile devient vite « vraie » pour beaucoup d’individus influençables. En même temps, il ne convient pas de sur-réagir», prévient Christian Gambotti.
Raphaël TANOH