Législatives 2016 : presque au complet

Tous les partis espèrent bousculer le RHDP au parlement.

À la sortie de crise en 2011, le Front populaire ivoirien (FPI), principal parti d’opposition, et ses alliés avaient boycotté les élections législatives. Les arguments étaient tout trouvés. Leur leader Laurent Gbagbo et plusieurs cadres étaient en prison ou en exil, les avoirs de certains cadres gelés et le parti en déconfiture. Du pain béni pour le RHDP, coalition au pouvoir qui, en l’absence d’adversaires, avait décidé de laisser libre cours à la concurrence entre alliés. Cinq ans après, la campagne pour le renouvellement des 255 sièges s’annonce rude et les sièges seront âprement disputés. D’une part entre alliés, et de l’autre avec les partis de l’opposition, une dizaine d’entre eux étant déterminés à mettre fin au parlement monocolore. Le nombre record de candidatures enregistrées, environ 1500, témoigne de l’enjeu du scrutin du 18 décembre prochain.

La politique de la chaise vide ne paie pas. C’est le constat auquel les partis de l’opposition ivoirienne semblent être arrivés à la fin de la législature qui s’achève. Ayant fait les frais de l’absence de son parti au parlement durant dix ans (2000-2010), le chef de l’État, Alassane Ouattara, les avait pourtant invités à « ne pas commettre la même erreur que le RDR. » Un appel tombé dans les oreilles de sourds. Mieux, feu Sylvain Miaka Ouréto, alors président par intérim du Front populaire ivoirien (FPI), soutenait qu’une participation de son parti à ces élections serait comme tourner le dos aux prisonniers frontistes, et ainsi légitimer le pouvoir d’Alassane Ouattara. Une politique qui a coûté cher à l’opposition, notamment lors de certains débats parlementaires comme celui sur la constitution de la 3ème République. Mais depuis la libération en 2013 du président du FPI, Pascal Affi N’Guessan, les lignes ont bougé. Après avoir participé à l’élection présidentielle de 2015, le parti de Laurent Gbagbo sera dans la course pour les législatives de 2016, même s’il a boycotté le référendum. « C’est au parlement que nous irons changer les choses!», déclarait Affi N’Guessan.

Presque au complet

Avec ses 210 candidats, le FPI n’est pas le seul parti de l’opposition dans la course. Toutes les formations politiques membres du Front du refus, la coalition née en vue de combattre le projet de constitution, ont décidé de se lancer dans la bataille. Le Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP) de Charles Blé Goudé, avec une trentaine de candidats, Liberté et démocratie pour les peuples (LIDER) de Mamadou Koulibaly, avec 18 candidats, le Rassemblement pour la paix et le progrès (RPP) de Gnonzié Ouattara, et sa dizaine de candidats, ou encore l’Union pour le développement et les libertés (UDL) de Martial Ahipeau, qui présente 5 candidats. Au total, ce sont plus de 400 candidats qui sont issus des rangs de l’opposition. Les leaders de ces partis semblent acquis à l’idée que la prise en compte de leur opinion ne peut se limiter à « l’expression de la rue. » Face à une alliance qui gouverne sans partage, seul le parlement peut leur accorder un véritable espace d’expression. Même si se porter candidat ne garantit pas forcement la victoire, l’opposi- tion reste convaincue qu’avec ses divers représentants, elle multiplie ses chances, et se donne les moyens de faire élire des députés dans certaines circonscriptions encore hostiles à l’alliance RHDP. Cela dit, il leur reste à convaincre les partisans d’Aboudrahamane Sangaré, dissidents du FPI, qui campent le boycott et voient les candidats comme des traitres.

RHDP en difficulté

Avec 136 députés pour le Rassemblement des républicains (RDR), 88 pour le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), 9 pour l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI) et 3 pour le Mouvement des forces d’avenir (MFA), le RHDP compte 236 députés sur les 255 que compte le parlement sortant. Mais depuis la publication de la liste RHDP, ac- cueillie par des grognements au sein des différentes bases, l’alliance Houphouëtiste rencontre quelques difficultés. Les deux grands (RDR et PDCI) alignent, avec le MFA, 235 candidats qui devront faire face à 42 candidats de l’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI) et 21 candidats de l’Union pour la démocratie et la paix (UDPCI), tous deux pourtant membres de l’alliance et dont les leaders respectifs, Gnamien Konan et Albert Mabri Toikeusse siègent au gouvernement. Les sigles de ces deux partis, qui déplorent la « gourmandise » de leurs alliés, ont été retirés du logo du RHDP le lundi 21 novembre. Résultat, les candidats de l’UDPCI devront affronter, dans leur bastion de l’Ouest montagneux, des candidats du RHDP. Une situation qui traduit un malaise profond au sein de l’alliance, même si les premiers acteurs, devant les caméras, soutiennent qu’ils respectent les différentes décisions de chaque membre de l’alliance. Une chose reste cependant sûre, le partage des postes entre alliés dans le prochain gouvernement prévu en début janvier, tiendra compte des résultats de chaque parti lors de ces élections.

Beaux duels à l’horizon

Affoussiata Bamba Lamine, ministre de la Communication et député d’Abobo, contre Yasmina Ouégin, député sortant à Cocody, et Bertin Kouadio Konan, député sortant de Port-Bouët contre Marcel Gossio, l’ex-di- recteur général du port autonome d’Abi- djan, figurent parmi les duels les plus attendus. Mais aussi à Yopougon, où le RHDP, avec pour tête de liste le député-maire Gilbert Kafana Koné, affrontera une liste FPI, constituée de Jean Félicien Gbamana Djidan, ancien maire (20002010), et de Samy Jichi, alias Sam l’Africain. À Kouto, au Nord, le ministre Bruno Koné, porte-parole du gouvernement, aura pour adversaire Navigué Konaté, président de la Jeunesse du FPI depuis 2001. Les joutes électorales s’annoncent également serrées dans les circonscriptions de Yamoussoukro, Daloa, Gagnoa, Man, Duékoué, Divo, et Guibéroua. En revanche, peu de suspens pour d’autres candidats, qui devraient conserver leur poste sans coup férir. Il s’agit de la liste RHDP d’Abobo avec les ministres Adama Tounkara, Kandia Camara et Jeanne Peumond, ou encore des ministres Ahmed Bakoyoko et Ahmadou Soumahoro à Séguéla, et du Premier ministre Daniel Kablan Duncan à Bassam. Il en est de même pour Guillaume Kigbafory Soro, le président de l’Assemblée nationale, à Férké, et pour Amadou Gon Coulibaly à Korhogo. Le président du FPI, Pascal Affi Nguessan, ne devrait pas avoir trop de mal à être élu chez lui, dans la localité de Bongouanou (Est). Lors de l’élection présidentielle d’octobre 2015, il y était en effet arrivé en tête.

Ouakaltio Ouattara

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