UNIVERSITÉ : Les raisons de la colère

Mauvaises conditions de transport, manque de locaux et de matériel, grèves et violences, l’Université de Côte d’Ivoire n’est plus la destination préférée des étudiants nationaux et étrangers pour leurs études. La décision de l’État de réquisitionner les logements universitaires pour loger les athlètes participant aux Jeux de la Francophonie qui se tiendront à Abidjan en 2017, a mis le feu aux poudres, entraînant marches et violences entre les étudiants et les forces de l’ordre à la mi-avril. Le secrétaire général de la Fesci a depuis été déféré à la MACA, au grand dam de ses militants qui réclament sa libération. Les étudiants ont-ils raison de se plaindre ? Voyage au coeur de l’Université ivoirienne.

Il est 8h00 sur les quais contigus au Centre hospitalier universitaire, dans le quartier résidentiel de Cocody. Un groupe d’étudiants descend des autobus, les tous premiers de la journée, et dévalent au pas de charge la centaine de mètres qui les séparent du campus. Des condisciples un peu plus chanceux, arrivés une heure ou deux plus tôt, sont en amphi assis ou debout, en attendant le début des cours. Dehors, la devanture des bâtiments ne désemplit pas. Ici, à l’université Félix Houphouët-Boigny : 65 000 étudiants se tassent dans (et en dehors) d’amphithéâtres conçus pour 30 000, au grand désarroi des 1 638 enseignants- chercheurs et 91 chercheurs, dont nombre d’entre eux, sevrés de bureaux n’ont eu de cesse de dénoncer ces conditions de travail. « La plupart de nos universités souffrent des mêmes maux », se désole, sous couvert d’anonymat, un proche collaborateur de la présidente de cette université, Ramata Ly-Bakayoko, nommée ministre en charge de l’Enseignement supérieur dans le gouvernement Duncan 3 du 12 janvier 2016. Le lundi 11 avril 2016, les étudiants des universités publiques de Côte d’Ivoire, invoquant la violation des franchises universitaires, ont entamé un mouvement de grève en fustigeant la présence permanente des forces de sécurité autour d’eux. À l’instigation de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), tous les campus du pays sont désormais paralysés, et les cours suspendus. La plus importante et la plus ancienne, l’Université d’Abidjan, rebaptisée Houphouët-Boigny en 2011, est bâtie dans le quartier chic et résidentiel de Cocody sur une superficie avoisinant 120 hectares. Elle demeure emblématique des crises et des violences du monde estudiantin.

Une grogne contagieuse aux enseignants

Tirant prétexte des échauffourées et du repos « forcé » décrété par leurs étudiants, les enseignants de ce temple du savoir ont également déposé sur la table du gouvernement des revendications déjà évoqué en 2013, et qui à leurs yeux n’ont pu connaître un début de règlement. « Le droit syndical est un droit constitutionnel, et la violence policière et les arrestations ne sauraient être une réponse responsable aux revendications corporatistes, des organisations syndicales, quelles qu’elles soient », souligne dans un communiqué Léon Glin, secrétaire général par intérim du Syndicat national de la recherche et de l’enseignement supérieur (Synares). Déjà, début avril, un autre syndicat enseignant, la Coordination nationale des enseignants et chercheurs (CNEC) avait marqué son opposition à la procédure de libéralisation envisagée au niveau de l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (INP-HB) de Yamoussoukro. « Pas question de privatiser sans avoir consulté les enseignants qui sont après tout des fonctionnaires ! », s’est insurgé le secrétaire général de la structure, Dr Kouamé N’guessan, redoutant des pertes d’emplois parmi le personnel de ce centre universitaire, jadis de renom, basé dans la capitale administrative et politique. Cela dit, le CNEC a fini par appeler le mercredi 27 avril à la reprise dès le jeudi, après avoir obtenu du gouvernement le paiement des nouvelles primes de recherche.

Universités sous-équipées et avantages réduits pour les étudiants

La seconde université d’Abidjan, dénommée « Abobo-Adjamé », n’est pas non plus en reste. Les récriminations des étudiants, quant aux mauvaises conditions d’études et de logement, se sont soldées à maintes reprises par de longues périodes d’arrêts de cours. Quant à l’université Lorougnon Guédé implantée à Daloa, et ses « consoeurs » Alassane Ouattara et Gon Coulibaly, sises respectivement dans le centre et le nord, elle disposent outre de bibliothèques sans livres, de laboratoires dépourvus de plateaux techniques adaptés à la recherche et aux travaux pratiques. « Même à Abidjan, les expérimentations pour les travaux de thèses de doctorat dans les unités de formation des sciences médicales et techniques se déroulent avec des souris de laboratoire sous les regards des passants dans des bacs au milieu de couloirs publics », explique un laborantin à la retraite, convaincu que de telles thèses n’auront plus la chance de défendre leur crédibilité. Les temps glorieux de l’université ivoirienne semblent révolus. Pourtant, avant 1990, date de son démantèlement sur injonction des institutions financières internationales, le Centre national des oeuvres universitaires (CNOU), devenu le Centre régional des oeuvres universitaires (CROU), disposait d’une dizaine de cités, de nombreux cars de transport, et octroyait aux étudiants de nombreuses facilités, notamment la restauration gratuite ou des bourses avantageuses. Aujourd’hui, sur les campus, plus aucun bus gratuit, ni encore moins l’équivalent du « N’daya », le petit pécule humanitaire inventé par l’ex-première dame Thérèse Houphouët-Boigny. Quant aux frais d’inscription, prétextant une amélioration des enseignements dans les amphis et une qualité de vie en cité, ils ont été considérablement accrus depuis 2012. Les étudiants ivoiriens, comme ceux originaires de l’espace UEMOA, paient désormais de la première année à la Licence la somme de 100 000 francs CFA, et respectivement 200 000 et 300 000 en Master et en Doctorat.

Tony NA HOUNO UX

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