L’opération de déguerpissement entamée en Côte d’Ivoire, contient sa part de zones d’ombres. La question du recasement des populations, mais de l’embellissement des sites reste sans réponse.
S’il y a une chose qui illustre la difficulté des déguerpissements à Abidjan, c’est bien les affrontements qui ont opposé, le 25 juillet dernier, la police et les populations qui avaient recolonisés les emprises du 4ème pont, à Adjamé-village. Bien qu’ayant été dédommagés depuis plusieurs mois pour quitter les lieux, beaucoup parmi les manifestants se sont érigés en victimes.
Dans la commune d’Abobo et d’Adjamé, où les bulldozers du District Autonome d’Abidjan sont passés pour raser les commerces illégalement installés, les vendeurs de meubles sont revenus s’installer quelques jours après. L’endroit qui symbolise le plus cela c’est notamment la voie du zoo, où les fabricants de fauteuils et les mécaniciens ont repris leurs activités. Sur la question, le district autonome d’Abidjan signale qu’une autre opération est prévue pour les chasser.
Un perpétuel recommencement
« Nous allons incessamment revenir les dégager sur les lieux », a fait savoir un proche collaborateur du ministre-gouverneur Ibrahim Cissé Bacongo. Ce qui ne règle pas pour autant la question. Depuis les années 2012 où les opérations de déguerpissement se sont succédées, la difficulté a toujours été de garder les sites inviolables. Sur le boulevard Valéry Giscard d’Estaing, jusqu’à l’aéroport, la solution trouvée a été d’embellir les abords de la voie.
Ce qui n’empêchait pas le retour des commerçants et des structures de locations de véhicules sur les rares portions de terres restantes. À Koumassi, le député-maire, Ibrahim Cissé Bacongo, aujourd’hui ministre-gouverneur, a innové en faisant construire sur les sites déguerpis. Des magasins de commerces, des espaces verts, des fontaines. Mais, d’un site à un autre, les réalités ne sont pas les mêmes. Pour cette année, par exemple, aucune campagne d'embellissement n’a encore été lancée, que ce soit à Boribana, sur la route du zoo, ou sur l’autoroute allant à Yopougon. La raison, c’est le coût. Pour l’heure seul le site baptisé le Banco, autrefois prisé par des laveurs de vêtements, connaît un début de travaux. L’on promet d’en changer le visage et les premiers résultats y sont déjà visibles. La mise en valeur des abords des axes a toujours coûté bonbon. On se souvient qu’en 2022, le ministère de la Salubrité urbaine avait, au cours de son opération de déguerpissement, chiffré à 2,6 milliards F toutes ces actions, dont une bonne partie destinée à l’embellissement des sites déguerpis.
Jonathan Largaton