Du 21 au 31 juillet, soit dans un mois jour pour jour, la Côte d’Ivoire abritera les 8è Jeux de la Francophonie. Choisi depuis mars 2013 par le conseil permanent de la Francophonie, le pays a piétiné dans les préparatifs. Une réalité qui a conduit le Chef de l'État, Alassane Ouattara, à nommer le gouverneur du district d’Abidjan, Robert Beugré Mambé, ministre temporaire auprès du Président de la République chargé de l’organisation des jeux de la Francophonie, en juillet 2016. « Les préparatifs pour ces Jeux ont accusé un certain retard et l’échec n’est pas une option. Il nous faut mettre tout en jeu pour que ces Jeux puissent se tenir », avait indiqué à l’époque le ministre Bruno Koné, porte-parole du gouvernement. À 30 jours de l’échéance, Robert Beugré Mambé fait le point pour les lecteurs de JDA.
Journal d’Abidjan : Il y a presqu’un an que vous avez été nommé ministre afin d’accélérer les préparatifs, quel a été votre apport personnel ?
Robert Beugré Mambé Notre crédo, c’est que c’est à plusieurs que nous sommes intelligents. C’est donc avec l’équipe que j’ai mise sur pied, quand le chef de l’État m’a fait l’honneur de me nommer, que je travaille. Cette équipe est constituée des techniciens les plus pointus qui ont chacun une maîtrise totale de leur domaine. Et moi je ne fais que coordonner pour que tout aille au mieux.
À un mois des Jeux de la Francophonie, où en sommes-nous avec les préparatifs ?
Les préparatifs vont bon train et avec l’aide de Dieu, qui est le maître de toutes choses ici-bas, la Côte d’Ivoire offrira à la communauté francophone des Jeux de très grande qualité. Rien n’est définitivement jamais terminé, mais je puis vous dire qu’au niveau des travaux, nous serons à même de tout achever et de livrer aux athlètes des sites de pointe qui leur permettent de laisser éclater tout leur talent. Mais comme j’ai l’habitude de le dire, nous ne serons définitivement prêts que lorsque le dernier des invités aura quitté la Côte d’Ivoire.
Quels sont les dispositions prises au niveau des déplacements lagunaires ?
Pour organiser au mieux les 8è Jeux de la Francophonie, nous avons mis sur pied 17 commissions techniques, chacune spécialisée dans un domaine précis, dont la commission transport, qui a réfléchi sur tous les aspects entrant en ligne de compte dans le déplacement non seulement des compétiteurs, mais aussi des invités et des personnalités. Tout a été passé au peigne fin et le plan d’eau lagunaire qui offre des opportunités de déplacement rapide du fait de sa non congestion, sera utilisé au mieux. Aussi, des bateaux bus seront-ils mis à la disposition des athlètes pour rallier leur lieu d’hébergement, le village Akwaba situé à Marcory INJS, aux différents sites de compétition. Bien entendu, un autre mode de transport, terrestre, sera également utilisé pour le déplacement des compétiteurs. Des véhicules et des cars assureront ce type de transport.
Quelles sont les touches particulières que la Côte d’Ivoire apporte à ces Jeux en comparaison aux sept éditions précédentes ?
Chaque peuple a son génie propre et ce génie impressionne son faire, son dire. Toute chose qui fait sa particularité par rapport à d’autres. Les Ivoiriens ont décidé, en marge de la partie officielle des Jeux d’Abidjan, de procéder à ce qu’on appelle les animations périphériques. Pendant les Jeux, il y aura des parades d’animation dans les communes, mais aussi à l’intérieur des sites de compétition. Des concours de fanfares, des compagnies artistiques, des groupes woyo (ambiance urbaine) seront aussi organisés. À l’intérieur du village Akwaba, une scène sera aménagée pour créer la convivialité avec les participants. Au village des partenaires situé au Palais de la culture, seront organisées des conférences et des causeries-débats. Voilà un peu la touche particulière que la Côte d’Ivoire veut apporter à ces Jeux.
4 000 personnes attendues, cela suppose un dispositif sécuritaire très strict et très dense. Pouvez-vous à ce stade rassurer les visiteurs et les participants ?
La sécurité est une question centrale dans ce genre de rendez-vous qui draine des milliers et des milliers de personnes. Outre la protection de 4 000 athlètes, il y a aussi celle des invités, du public qui va se déplacer. Tout cela nécessite d’énormes moyens, des dispositions spéciales que nous ne dévoilerons pas ici. Ce qu’il faut cependant retenir, c’est que la sécurisation des 8è Jeux de la Francophonie va s’appuyer sur trois leviers, à savoir le levier national, le levier régional et le levier international. C’est la conjugaison de ces trois leviers qui permettra d’assurer la sécurité de tous et de chacun. Et je voudrais dire merci au ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité et au ministre auprès du Président de la République chargé de la Défense qui font de la sécurisation de ces Jeux une de leurs priorités.
On a beaucoup parlé de l’apport de jeunes bénévoles, comment ont-ils été recrutés, quel sera leur rôle et quel est leur nombre ?
D’abord au niveau de leur nombre, les bénévoles seront au nombre de 3 000, dont 1 000 spécialisés qui vont œuvrer dans des domaines qui nécessitent un savoir-faire spécifique. Leur rôle sera donc d’aider au bon déroulement des Jeux. C’est à la suite d’une inscription en ligne que les 3 000 bénévoles ont été retenus.
En tant que gouverneur du district d’Abidjan, quel est le niveau d’implication des populations abidjanaises ?
La tâche de mobilisation des populations abidjanaises autour des Jeux d’Abidjan a été confiée aux maires des communes du district d’Abidjan. Un comité technique local à la tête duquel se trouvent les différents maires a été installé. Le travail de ce comité est de faire en sorte qu’il y ait une adhésion populaire des populations des communes, qu’elles sachent que ces Jeux, c’est d’abord et avant tout leurs Jeux et qu’elles réservent un accueil chaleureux à nos hôtes, dans la pure tradition ivoirienne.
La Côte d’Ivoire gagne beaucoup avec ces Jeux, certes, mais les Ivoiriens sont curieux de savoir ce que ces Jeux ont coûté à leur pays…
Ce n’est pas tant ce qui a été dépensé comme argent qui est le plus important. Le plus important, c’est ce que nous gagnons à travers ces Jeux. Il faut retenir qu’ils nous offrent d’énormes opportunités sur le plan des affaires. C’est un bol d’oxygène pour les secteurs du tourisme, de la restauration, de l’hôtellerie, des transports, de l’artisanat et des loisirs. En plus de donner un coup d’accélérateur à l’activité économique, ces Jeux auront l’avantage d’offrir à notre pays des infrastructures de pointe qui seront à la disposition des jeunes Ivoiriens. Ces infrastructures permettront à ceux qui veulent pratiquer le sport de haut niveau de le faire dans les meilleures conditions possibles. Le village Akwaba, qui servira de lieu d’hébergement des athlètes pourra abriter des symposiums, des conférences, des grandes rencontres, etc. C’est cela le plus important et c’est pourquoi nous ne cessons de rappeler aux Ivoiriens que les enjeux de ces Jeux dépassent les Jeux.
En dehors du Cameroun, quel autre pays a apporté un appui financier à la Côte d’Ivoire et à quelle hauteur ?
Il faut retenir que le pays hôte est celui qui supporte la plus grande partie des dépenses liées à l’organisation des Jeux. Les autres pays viennent en appoint. En tout état de cause, la solidarité autour de la cause commune est agissante.
Au-delà des Jeux, quelles surprises réservez-vous à vos visiteurs ?
Si les surprises que nous réservons ici à nos hôtes sont dévoilées, elles vont immanquablement perdre leur caractère de surprise. Mais ils seront si bien traités que beaucoup parmi eux regretteront à la fin des Jeux de quitter la Côte d’Ivoire. Et bien d’entre eux aussitôt repartis reviendront sur les bords de la lagune Ebrié, tant ils auront été marqués par la joie de vivre des Ivoiriens, leur caractère sui generis qui n’est retrouvé nulle part ailleurs.
De façon concrète et pratique comment se dérouleront ces Jeux dans le district d’Abidjan ?
Ce qu’il faut savoir, c’est que les Jeux de la Francophonie, ce sont des compétitions sportives, des concours culturels et des activités de développement. Ainsi, le stade Félix Houphouët-Boigny, le stade Champroux, le Parc des sports de Treichville abriteront les compétitions sportives. En ce qui concerne les concours culturels, ils se tiendront à l’Institut français, au Palais de la culture, au Musée des civilisations, au Canal au Bois. Quant aux activités de développement, c’est l’Institut français qui les abritera. Il faut signaler que ces Jeux mobiliseront 500 millions de téléspectateurs, 100 millions d’auditeurs. C’est dire que notre pays sera la capitale du monde francophone. Et nous devons présenter, à cette occasion, une bonne image de la Côte d’Ivoire vis-à-vis de l’étranger. Je terminerai en exprimant notre reconnaissance au Président Ouattara pour son implication personnelle dans le succès de ces Jeux.
Propos recueillis par Ouakaltio OUATTARA