L’avenir d’ONUCI FM, que toute la Côte d’Ivoire s’est habituée à écouter, est lié à celui de la mission onusienne, dont le départ est programmé pour juin 2017. Après douze ans d’existence « la fréquence de la paix » est désormais à la croisée des chemins.
Oui et non », répond prudemment King Junior à la question de la disparition éventuelle d'ONUCI FM, dont il l'un des animateurs vedette à Daloa. « Le nom va probablement changer, et plusieurs repreneurs se présentent pour récupérer nos ondes », annonce-t-il. Le maillage total du territoire par la station onusienne, qui émet depuis le 15 août 2004, attire en effet bien des convoitises. « L’ONUCI voudrait placer la radio dans le giron de la Fon-dation Félix Houphouêt Boigny pour la Recherche de la Paix, mais le gouver-nement est aussi intéressé, sachant que nous avons une meilleure couverture que Radio Côte d’Ivoire », avance le jeune journaliste. Une option qui a la faveur de nombreux observateurs craignant que la radio ne tombe dans l’escarcelle d’intérêts privés, ou directement de l’État.
Ligne éditoriale en question King Junior est en effet inquiet pour la ligne éditoriale qui pourrait alors être amenée à changer, et rappelle son attachement aux messages pacifiques de paix et de réconciliation diffusés de-puis une décennie dans le pays.
« Notre radio est très écoutée, elle est arrivée au moment où les auditeurs avaient besoin d’un contrepoids par rapport à la propagande de la station nationale. Nous donnons la parole à tout le monde, notamment à l’oppo-sition », reprend-il, craignant que le gouvernement ne crée « une radio Côte d’Ivoire bis » en cas de reprise de l'antenne d'ONUCI FM. Avec près de 200 heures d’émission enregistrées mensuellement en français et dans cinq langues locales, et une présence dans toutes les régions du pays, la station, dont le slogan est « la fréquence de la paix », est devenue incontournable dans le paysage médiatique ivoirien. Elle est également pourvoyeuse de dizaines d’emplois et d’activités de sensibilisation à la paix qui feront défaut en cas de dis-parition de l’antenne. Des effets bénéfiques sur les populations qu’un futur repreneur se devra d’étudier, avant de changer radicalement la ligne éditoriale et le format de la station.
NOÉ MICHALON