Malgré les appels à la vigilance des populations, les enlèvements d’enfants se poursuivent. Les responsabilités parentales sont également à mettre en cause.
Les enlèvements, disparitions et mutilations d’enfants n’ont jamais cessé en Côte d’Ivoire. Une actualité qui fait la UNE des réseaux sociaux, de la presse écrite et qui alimente les débats dans les quartiers. On se rappelle qu’en 2015 le phénomène avait fait plusieurs victimes au sein des familles, avant qu’il ne s’estompe comme par magie et qu’il ne connaisse à nouveau un regain en ce début d’année 2018. Si l’État est accusé par certains pour ne pas assurer convenablement la sécurité des populations, d’autres, par contre, pointent du doigt les parents, pas assez rigoureux dans la surveillance de leur progéniture.
Vigilance zéro Des enfants, seuls ou en groupe, arpentant tous les jours les rues de la capitale économique pour rejoindre l’école ou revenir le soir à la maison, ou encore laissés seuls, sans surveillance d’un adulte, ou même que l’on envoie tout seuls faire des emplettes à la boutique ou au marché. Ce sont malheureusement des scènes auxquelles on assiste régulièrement à Abidjan et dans plusieurs villes de l’intérieure du pays. Des habitudes qui favorisent malheureusement les agressions contre ces tout-petits sans défense. Si cela n’émeut point les parents qui s’adonnent à ces pratiques, le phénomène des enlèvements et disparitions d’enfants que connait le pays est la preuve que leur sécurité reste la responsabilité première de leurs parents. « De mémoire de défenseur des droits des enfants, je n’ai pas encore eu connaissance d’un enfant enlevé alors qu’il était accompagné par un adulte », explique l’écrivain-journaliste André Sylvère Konan. « Dans les quartiers populaires, il existe des foyers avec beaucoup d’enfants. Ceux-ci, généralement, ne sont pas bien surveillés par leurs géniteurs et l’on assiste parfois à des drames », déplore pour sa part Mathurin Assanvoh, enseignant. Face à la résurgence de ce fléau, qui ne cesse d’alimenter la psychose au sein des populations ivoiriennes, la seule alternative possible pour prévenir ces actes est pourtant la vigilance. Pour le Réseau des Acteurs de Médias pour les Droits de l’Enfant en Côte d’Ivoire (RAMEDE-CI), les parents et les tuteurs légaux des enfants doivent redoubler de vigilance dans la garde de ceux qui sont sous leur responsabilité. « Ne donnons l’occasion à personne de s’approcher de nos enfants et ne les envoyons plus seuls à la boutique ou jouer dans les rues », conseille-t-il. Même s’il y a des mesures préventives, instaurées dans plusieurs écoles maternelles et primaires, invitant les parents à se faire identifier avant de récupérer les enfants, force est de constater qu’une fois dans les rues, ils restent livrés à eux-mêmes.
Anthony NIAMKE