Tandis que le gouvernement met en œuvre son vaste programme social, la situation de la cherté de la vie, reste un véritable casse-tête chinois. Entre difficultés quotidiennes des paysans et amélioration des conditions de vie des fonctionnaires, le gouvernement tente d’apporter des réponses.
La lutte contre la cherté de la vie est, avec la création des emplois, le plus gros chantier des autorités ivoiriennes. D’un côté, il y a la flambée des prix sur le marché et la difficulté à se loger à Abidjan, par exemple, et, de l’autre, le faible revenu des populations. Le dernier rapport sur le taux de la pauvreté en Côte d’Ivoire en dit long. Certes le pays a réussi à faire reculer le taux de pauvreté, qui est passé de 51,5% en 2011 à 46,3% en 2015, mais la proportion des Ivoiriens pauvres est toujours importante.
Agir vite Aujourd’hui, le prix des produits agricoles, dont l’anacarde, est en chute libre. Les paysans qui n’ont pas d’autres revenus que ceux-là n’arrivent plus à s’en sortir. Et la persistance de la crise dans la filière anacarde contribue à appauvrir encore plus les populations. Une position partagée par Dohia Traoré, Président de la Fédération des syndicats autonomes de Côte d’Ivoire (FESACI), qui pense que la lutte contre la cherté de la vie doit obligatoirement passer par de meilleurs prix de vente des produits agricoles. D’où, pour lui, une politique commerciale plus souple de l’État en faveur les producteurs. L’autre aspect, toujours selon lui, c’est le contrôle rigoureux que les autorités doivent exercer sur le prix des produits de grande consommation.
Pour le gouvernement, la meilleure manière de lutter contre la cherté de la vie, c’est de réduire le taux de pauvreté. Les actions menées, telles que les filets sociaux, le financement de projets jeunes et le recrutement d’enseignants contractuels ont pour but d’offrir un meilleur pouvoir d’achat aux Ivoiriens. Ce qui, on l’a vu, ne semble pas suffire. La hausse des salaires des fonctionnaires ne les empêche pas aujourd’hui de revendiquer plus. En témoigne Apollinaire Tapé Djédjé, Président de la Confédération des syndicats des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (COSYFOCI). « Le gouvernement a fait des efforts pour améliorer nos conditions de vie. Mais si les travailleurs continuent de revendiquer, c’est parce que le coût de la vie ne leur permet pas de vivre décemment », estime-t-il. Le chantier, pour les travailleurs et les sans emploi, concerne beaucoup plus la baisse du coût de la vie en elle-même que la réduction de la pauvreté. La frontière est mince, certes, mais il existe une différence fondamentale.
Raphaël TANOH