L’une des raisons invoquées pour expliquer certains drames survenus dans le passé dans nos hôpitaux publics était le manque de place, en plus de l’indisponibilité du personnel soignant. Une explication de plus en plus mise en avant par les premiers concernés, qui dénoncent souvent une trop grande charge de travail.
Cette réflexion est maintes fois revenue dans les débats publics : le ratio hôpitaux - population n’est pas équilibré. En clair, le personnel soignant bosse beaucoup trop. Au CHU de Cocody, par exemple, une source parmi sein des infirmiers affirme qu’ils travaillent 48 heures par semaine au lieu de 40 heures, comme l’exige la loi. Selon notre informateur, il existait un système de garde - permanence qui avoisinait même les 50 heures par semaine, qu’ils ont rejeté. Il y a des jours où rien qu’aux urgences médicales l’on pratique 15 césariennes, d’après un infirmier en poste dans ce centre hospitalier. Parfois, il y a presque 500 césariennes dans le mois. Guillaume Akpess, Secrétaire général du Syndicat national des cadres supérieurs de la santé de Côte d’Ivoire (Synacass-CI), signale qu’outre le déficit en personnel, il y a la pyramide sanitaire, qui n’est pas respectée. Normalement, le malade doit commencer son parcours de soins en se rendant tout d’abord dans un centre de santé de premier contact. S’il n’arrive pas à être soulagé, on le dirige vers l’établissement sanitaire qui suit dans la hiérarchie, jusqu’à ce qu’il arrive en fin de course au CHU. Sauf que ce parcours n’est pas respecté et que les CHU reçoivent des personnes qui souffrent parfois d’un simple mal de tête.
Surcharge « La conséquence, c’est que vous avez dans certains CHU une trop forte affluence et que le personnel est surchargé. Et certains médecins se font même tabasser, comme nous l’avons vu au CHU de Yopougon », explique le médecin. C’est aussi l’une des raisons, à l’entendre, qui poussent les malades à se rendre dans les cliniques privées. Le Docteur Albert Edi Ossohou, Directeur de la médecine hospitalière et de proximité au ministère de la Santé et de l’hygiène publique, relativise quant à lui la situation en ces termes : « le personnel ne peut pas se plaindre d’une certaine surexploitation alors que quand certains agents de santé, quand ils finissent leur service dans le public, vont travailler dans des cliniques privées ». Toutefois, évoquant le recrutement de 3 à 4 000 nouveaux soignants en 2019, le Docteur Edi Ossohou note tout de même que le besoin en personnel se fera toujours sentir avec la création de nouveaux hôpitaux.
Raphaël TANOH