Le Front populaire ivoirien arrivera-t-il à faire la paix avec lui-même ? La question, à date, n’est pas à l’ordre du jour. Chaque camp avance, non pas sans ignorer l’autre, mais en lui niant toute existence.
Le fossé est de plus en plus grand au sein des militants de la gauche, dont la plupart sont réunis au sein du Front populaire ivoirien (FPI). Entre un Laurent Gbagbo qui reprend en main les choses et un Pascal Affi N’Guessan qui continue de remettre en cause les communiqués attribué à son mentor d’hier, l’on pourrait même parler de rupture.
Tensions La série des décès qui a secoué le FPI n’a pas contribué à rapprocher les cadres et les militants. Bien au contraire. Entre un Pascal Affi N’Guessan à qui il a été demandé de ne pas utiliser le titre de « Président du FPI » aux obsèques d’Abou Drahamane Sangaré et la colère de son Vice-président William Atteby, qui a levé la main sur un autre militant du FPI le samedi 1er décembre, lors de la cérémonie de levée du corps de Sangaré, les frustrations se sont accumulées. Tancés par les proches d’Affi N’Guessan pour avoir ignoré les cérémonies funèbres de certains cadres proches de cette tendance, Simone Gbagbo a finalement effectué le 3 décembre un déplacement au domicile de ce dernier. Mais la deuxième Vice-présidente de l’autre tendance du FPI y est allée seule. « Si la mort ne nous réconcilie pas, je me demande ce qui pourra bien nous rapprocher. Ils ont tous poussé le bouchon assez loin et personne ne veut faire le premier pas politique vers l’autre », confie, presque désespéré, un cadre de ce parti, qui, tout en prenant ses distances d’avec les deux tendances, dit se « sentir désarmé » face à ce qui arrive à son parti. « Le retour de Gbagbo dans le jeu politique du FPI complique encore plus les choses. Si cela donne du fil à retordre à Pascal Affi N’Guessan, ce retour a aussi pour effet de le mettre dans une position de combat contre ses ex camarades, qu’il continue d’accuser de faire des faux autour de la signature de Laurent Gbagbo », explique le politologue Maxime Tokpa.
Affaibli ? Après avoir boycotté tous les scrutins depuis 2011, perdu des cadres de renom depuis la même date puis avoir été divisé en deux, avec certaines figures en retrait (Mamadou Koulibay et Michel Amani N’Guessan), le FPI parait fragilisé par toutes ses épreuves. Le parti conserve tout de même une bonne partie de son électorat, qui pourrait être remobilisé dans l’hypothèse d’une candidature de Laurent Gbagbo. Le jeu politique ivoirien devrait alors se conjuguer comme en 2010.