La production des cartes nationales d’identité (CNI) rime très souvent avec le mot « ivoirité » qui rappelle aux Ivoiriens de mauvais souvenirs. Alors que les autorités promettent des cartes CNI biométriques et sécurisées, la question de savoir qui aura droit au fameux document trouble bien des sommeils.
En présentant le jeudi 6 juin dernier, devant la Commission des affaires générales et institutionnelles de l’Assemblée nationale, le projet de loi instituant une carte nationale d’identité, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité, Sidiki Diakité, a maintes fois utilisé le terme « sécurisée ». Selon lui, il s’agit d’une carte biométrique à puce électronique et à multiples usages. À travers cette initiative, surtout, la Côte d’Ivoire intègre les nouvelles spécifications qui sont mises en œuvre dans l’ère du digital en ce qui concerne les pièces d’identification.
Multifonctions Les nouvelles CNI biométriques apporteront une circulation plus fluide dans l’espace communautaire de la CEDEAO, selon Sidiki Diakité. Dans un futur proche, la carte CNI pourra être associée à la carte d’assurance santé. Et l’opérateur belge SEMLEX, chargé de la confection des cartes d’identité, aura cette lourde responsabilité. Mais le gouvernement, dans son ambition de renforcer sa gouvernance administrative et surtout sécuritaire pour améliorer les conditions de vie des citoyens, a aussi décidé de la mise en place du Registre national des personnes physiques (RNPP). Lequel registre consiste, entre autres, à l’association à chaque personne présente sur le territoire (ivoirien, étranger résident ou de passage) d’un numéro d’identification unique. Numéro qui figurera sur tous les actes de la vie de chaque citoyen. C’est ce projet qui a notamment abouti à la carte CNI biométrique. Coût de l’opération : 50 milliards de francs CFA, financés à 70% par l’opérateur. Mais la question sécuritaire doit être analysée sur d’autres aspects, selon Marius Comoé, Président du Conseil national des organisations de consommateurs de Côte d'Ivoire (CNOC-CI). « Une chose est de savoir comment utiliser sa carte nationale d’identité avec sécurité, mais une autre est de comprendre à qui on la donne. La fraude qui a été constatée pendant la production des premières cartes d’identité avait pour origine des personnes impliquées dans la production. Aujourd’hui, les Ivoiriens veulent être sûrs que ceux qui auront la carte nationale d’identité seront bien des Ivoiriens », plaide-t-il. Une crainte balayée du revers de la main par les autorités en charge de la confection des CNI. Pour ces dernières, il n’est pas possible de frauder pour obtenir le précieux sésame. Mieux, toute contrefaçon sera visible à l’œil nu et des mesures sont déjà prises pour traquer tout indélicat qui s’y aventurerait.
Raphaël TANOH