Après le décret mettant un terme au pouvoir des Comités de gestion des établissements scolaires de lever des cotisations exceptionnelles, leur place dans l’école pose problème.
«J’ai décidé que, à compter de janvier 2021, le gouvernement et les collectivités locales prendront en charge les frais des Comités de gestion des établissements scolaires, en abrégé COGES, jusque-là supportés par les parents d’élèves dans le primaire et le secondaire », annonçait Alassane Ouattara le 14 décembre dernier. Une intervention du chef de l’État sur un sujet populaire, mais non moins controversé, qui en avait surpris plus d’un.
Le 30 décembre 2020, au terme du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement annonçait l’adoption d’un décret mettant un terme au pouvoir de ces structures de lever des cotisations exceptionnelles. Dans l’esprit des Ivoiriens, cela sonnait la fin des COGES, après plusieurs années de désagréments dus aux cotisations souvent injustifiées ou mal gérées par ces structures. Mais ces entités sont toujours là. « Il faut une loi pour supprimer les COGES », explique Yaya Sangaré, Président du COGES du Collège moderne du Plateau.
Résistances Est-ce la raison pour laquelle ces structures n’ont pu être dissoutes ? Pour leurs responsables, c’est plutôt pour leur pertinence que les COGES existent toujours. « Ceux qui ne connaissent pas notre importance nous dénigrent, mais il faut approcher les structures pour comprendre leur importance. Aujourd’hui, si vous supprimez les COGES, vous ferez face à un problème beaucoup plus sérieux, parce qu’il y aura un vide », ajoute Yaya Sangaré.
Alors, quel statut accorder à ces entités, qui ont amené le chef de l’Etat à prendre ce dossier à bras-le-corps? Le flou subsiste encore à ce niveau. Notamment concernant la gestion des 18 milliards que l’État promet leur apporter pour entretenir les écoles. L’État, qui fait son retour en partie dans le fonctionnement des établissements, jouera-t-il un rôle secondaire par rapport à ces structures ?
Au sein des COGES, on assure que chaque décaissement devra être justifié et que l’État veillera à ce que son argent soit bien utilisé.
Cette hésitation autour de la question des COGES laisse aujourd’hui l’école dans une situation insalubre pour cette rentrée scolaire. Alors que les établissements étaient nettoyés en général, et repeints parfois, pour accueillir les élèves, cette année de nombreuses écoles publiques présentent un visage peu reluisant. Car les cotisations ont été suspendues et qu’il n’y a pas encore d’accompagnement disponible.
Raphaël TANOH