On est loin de tourner la page de la bataille entre les trois grands partis (RDR, PDCI, FPI). Quand l’un est au pouvoir, les deux autres sont en alliance pour ensuite se séparer en gardant toujours la porte ouverte à un autre.
Au commencement était le Front républicain (Rassemblement des républicains, RDR, et Front populaire ivoirien, FPI), contre le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI). L’alliance a duré un peu plus de cinq ans avant de se disloquer au lendemain de la chute d’Henri Konan Bédié, renversé par un coup d’État en décembre 1999. Le PDCI et le FPI s’étaient pas la suite rapprochés contre le RDR. Cette alliance, qui n’a pas été formelle, a duré le temps d’un feu de paille, avant d’exploser au lendemain de la rébellion de septembre 2002 pour permettre la création du Rassemblement des houphouëtistes pour la paix et la démocratie (RHDP) en 2005. La fin de cette alliance en 2018 ouvre la voie à bien d’autres.
Duels à distance C’est presqu’un recommencement éternel de l’histoire du cheval et du cavalier. Sauf qu’ici les rôles de cavalier et de cheval n’ont pas toujours été bien définis. Les acteurs politiques ivoiriens ont fini par accepter le fait qu’il n’y avait pas d’alliance contre nature. Sauf que, contrairement aux deux décennies précédentes, il n’y a plus trois partis solides et formant un bloc compact, chacun gérant des contradictions internes et tentant d’être maitre de son avenir. Dans cette atmosphère, l’on pourrait aller au-delà de trois partis politiques forts pour faire place à des « alliances tactiques et ponctuelles » en fonction des réalités électorales. La mise en jeu des intérêts conjecturels ouvre ainsi la voie à plusieurs cas de figure. Ceux qui iront ensemble aux élections municipales et régionales ne feront pas automatiquement de même pour l’élection présidentielle de 2020 et celles d’après. Et les leaders politiques ne comptent pas servir de marchepied pour hisser leurs concurrents - partenaires sur le trône. Certains partis ont décidé de mourir pour faire place à un autre (le RHDP), d’autres, le FPI et le PDCI, font de la résistance, alors que certains observateurs, au regard de la percée des indépendants lors des élections locales, pensent que les Ivoiriens pourraient se détacher des partis traditionnels pour porter un leader indépendant à la magistrature suprême. Le tango politique se poursuivra ainsi jusqu’en 2020. Les élections municipales qui pointent à l’horizon, en définissant une nouvelle carte électorale, vont davantage rapprocher ou éloigner les uns et les autres. « Nous n’allons plus vers trois entités fortes, mais plutôt vers un mélange des genres, d’autant plus qu’il n’y a pas de véritable idéologie » qui sous-tende les partis ou les leaders politiques, préviennent certains observateurs.