Si la Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de cacao, ce produit est essentiellement exporté pour être transformé ailleurs. Le ministre du Commerce, Jean-Louis Billon, a d’ailleurs reconnu ce point lors de l’ouverture de l’entreprise de transformation locale du chocolat « Cemoi» en 2015.
À ce jour, la Côte d’Ivoire, qui produit 41% de l’offre mondiale de fèves de cacao, ne transforme que 33% de sa production en produits semi-finis. L’objectif visé par le gouvernement est la transformation d’au moins 50% de la production nationale de cacao d’ici 2020. À l’issue d’une rencontre avec les industriels du secteur le 30 juin 2016, le Premier ministre Daniel Kablan Duncan a indiqué que le gouvernement a pris de nouvelles dispositions pour renforcer la compétitivité des industriels. Il s’agit, entre autres, de garantir aux broyeurs 70% de leurs besoins en fèves de cacao. Ces quantités débloquées pour le fonctionnement des unités de transformation « seront revues à la hausse en fonction de l’évolution des capacités de production », avait annoncé le ministre de l’Industrie et des Mines, Jean-Claude Brou.
Pour Stéphane Mané, président de l’Association ivoirienne pour la défense des intérêts des producteurs de café-cacao (AIDIPCC) si, avec ces mesures, la Côte d’Ivoire arrive à trans former une part plus importante de sa récolte en produits semi-finis pour obtenir la masse de cacao, « cela permettra la création d’une structure en charge de gérer le cacao bord champs et de faire une vente anticipée en proposant des prix plus intéressants aux paysans». Cette innovation ouvrira la porte à un processus d’«accompagnement social et technique». À en croire le président de l’AIDIPCC, la transformation locale du cacao permettra à la Côte d’Ivoire d’acheter la moitié de sa production en vente anti- cipée avec des contrats et des prix déjà connus à l’avance. « L’on pourra alors proposer une ristourne aux paysans, afin de les encourager à mieux travailler et les former à l’entretien des plants.
Cela les encouragera absolument à produire plus», ajoute Mané. Pour sa part, Christophe-Auguste Douka, expert cacao au comité européen de normalisation, souhaite que les producteurs soient associés à ce processus. Il estime en outre qu’il faut ouvrir le capital de ces sociétés aux paysans, afin de leur permettre de bénéficier pleinement du fruit de leurs efforts, en gagnant à la vente du brut et à la plus-value. « Cela encouragera les paysans à réduire les causes humaines de la baisse de production ».
Ouakaltio OUATTARA