Derrière la question des « gnambros », qui défraie la chronique, il y a la destruction des gares anarchiques, qui est également sur la table des autorités.
Le 2 septembre dernier, alors que la question des « gnambros » était sur la table, le préfet d’Abidjan évoquait un autre sujet lié à l’épineuse question des chargeurs illégaux : les gares anarchiques. Pour Vincent Toh Bi, il y a un lien entre les deux phénomènes, le désordre dans le transport résultant en partie de la prolifération des gares anarchiques, qui ne respectent aucune réglementation et sont le nid des chargeurs illégaux. Le préfet d’Abidjan veut donc leur disparition.
Traiter le mal à la racine Et Vincent Toh Bi d’ajouter : « nous discutons avec le ministère des Transports et les mairies de la fermeture systématique des gares anarchiques ». Mais la question n’est pas si aisée à résoudre que ça, selon Adama Touré, le Président de la Coordination nationale des gares routières de Côte d’Ivoire (CNGR-CI). La première chose dont les transporteurs ont besoin, c’est d’espace. « Aujourd’hui, nous avons tous besoin de gares réglementées et modernes. Ce qui n’est pas encore le cas. En même temps qu’on dénonce le désordre dans le milieu, il faut songer à une meilleure organisation des transporteurs. Ce qui revient à leur en donner les moyens », explique M. Touré. Malheureusement, d’après le président de la CNGR-CI, la manne dont doivent bénéficier les transporteurs afin de renouveler leur parc automobiles, établir des gares conventionnelles et investir dans les compagnies de transport n’est pas à leur portée. « Nous sommes pour la disparition des gares anarchiques, qui sont sources de problèmes et surtout à la base des embouteillages. Mais il ne faut pas détruire les gares pour les détruire », ajoute-t-il. D’Abobo à Yopougon, en passant par Adjamé, les gares, il faut le dire, poussent tels des champignons. Maintes fois déguerpies, elles sont toujours revenues s’installer. Si bien qu’aujourd’hui la décision des autorités d’en finir avec l’anarchie dans le milieu laisse les Ivoiriens circonspects. « Les gares anarchiques se créent très vite. Vous voyez un véhicule stationné là, le lendemain ça devient une gare. Parce que ça se fait le plus souvent avec la complicité des policiers. C’est cette situation qui crée le désordre et les violences. Parce que les chargeurs qui y travaillent ne sont pas sous notre contrôle. Malheureusement, leurs agissements nous salissent », se défend Adama Yéo, qui se veut le porte-parole des chargeurs de Côte d’Ivoire. En attendant que le préfet d’Abidjan lance son opération destruction des gares anarchiques, il a été demandé aux maires de jouer pleinement leur rôle.
Raphaël TANOH