Les travailleurs de Côte d’Ivoire veulent un mieux être. La seule façon de porter leurs doléances est de se constituer en organisations syndicales. Hélas, après plusieurs décennies de luttes, le pouvoir des syndicats semble s’affaiblir d’année en année.
En Côte d’Ivoire, les régimes en place ont toujours assimilé les structures syndicales à des instruments contrôlés par des partis politiques. Et souvent ce sont ces organisations elles-mêmes qui en donnent le sentiment. Les transporteurs font rarement grève depuis l’avènement du Président Alassane Ouattara: ils sont pour le pouvoir en place. Les plateformes des fonctionnaires font beaucoup de bruit depuis que Ouattara est là : elles sont contrôlés par l’opposition. Dans un sens comme dans l’autre on accuse. Mais, pour le Professeur N’Guessan Kouamé, Secrétaire du Comité de suivi de réunification de la Coordination des enseignants et chercheurs de Côte d’Ivoire (CNEC), « les syndicats ne sont pas des partis politiques ».
À côté de ce qualificatif qui leur colle aux basques, il faut souligner la question du leadership, qui prend souvent le dessus sur les doléances des syndiqués. Des divisions que les pouvoirs en place se font le plaisir d’alimenter au sein des faîtières, dans l’unique but de les fragiliser. La bonne vieille méthode de diviser pour mieux régner.
Pendant les assemblées générales, il faut parfois se justifier devant des accusations laissant croire que les dirigeants ont « vendu la lutte » en prenant de l’argent à un ministre pour lever le mot d’ordre de grève.
Coalition Même si pour Pacôme Attaby, les divisions viennent très souvent d’une divergence de points de vue. Lui qui se trouvait au sein de la Plateforme nationale des organisations professionnelles de Côte d’Ivoire s’en est retiré après la signature de la trêve sociale en 2017, parce qu’il était contre cet accord. Avec plusieurs syndicats, ils vont mettre en place la Coalition des syndicats du secteur public de Côte d'Ivoire (CSSP-CI). L’autre partie des mécontents provient de l’Intersyndicale des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (IFCI). Aujourd’hui plus que jamais, les faîtières sont morcelées, divisées, fragilisées. Au sein d’une même corporation on se retrouve parfois avec des dizaines de structures syndicales. Elles se combattent d’abord, avant d’aller devant les autorités, qui n’en font qu’une bouchée, épuisées. Toutes les organisations sont à la recherche de la meilleure force de frappe sur le terrain. Mais une grève des enseignants couvrira à peine 50% du territoire si elle ne réunit pas tous les syndicats. Très souvent, ce sont seulement quelques localités isolées qui sont paralysées. Pour être fort, il faut des coalitions et un seul porte-parole. Même là les mouvements restent fébriles. L’État a bien fait son travail!
Raphaël TANOH