Annoncée pour le mois de janvier 2017, la phase de généralisation de la Couverture maladie universelle (CMU), censée mettre fin à la politique de gratuité des soins, peine à démarrer.
« Je veux surtout demander à la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) d'accélérer la réalisation des dernières diligences en vue de la généralisation de la Couverture maladie universelle (CMU), je le répète, dès la fin de cette année 2018 », insistait le ministre de l’Emploi et de la protection sociale, Jean-Claude Kouassi, lors de la cérémonie d'inauguration du centre de santé de l'Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody, le vendredi 16 février dernier. Il laissait entendre ainsi que la marche vers la mise en place effective de la CMU rencontrait toujours des obstacles. D’ailleurs, le début de la phase expérimentale, lancée seulement en avril 2017 alors qu’elle était prévue pour bien avant, en témoigne amplement.
Reports Dans son discours du 1er mai 2018, lors de la commémoration de la fête du travail, le chef de l’État, Alassane Ouattara, s’est voulu rassurant sur la question. « Depuis le 25 avril 2017, la Couverture maladie universelle est passée de l’étape de projet à la phase expérimentale, avec l’inauguration du centre de santé de l’Université Nangui Abrogoua. Elle sera généralisée au début de l’année prochaine (2019) pour l’étendre à tous les Ivoiriens, surtout aux plus vulnérables », a-t-il précisé. Une annonce plutôt bienvenue pour les populations, qui espèrent désormais vivre l’effectivité de ce projet dans les délais annoncés. À la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM), l’on reste convaincu que l’année 2019 sera la bonne, car « la phase expérimentale a été une réussite ». Cependant, pour certains spécialistes de la santé, le report de la phase de généralisation serait dû à de nombreuses insuffisances et autres blocages, contrairement aux raisons officielles annoncées. « Pour moi, ce retard n’est pas surprenant au regard des options techniques retenues par les autorités. Le mode de financement de la CMU n’est pas suffisant pour un système qui se veut universel », indique le spécialiste en protection sociale Donatien Robé. Selon lui, la cotisation mensuelle unique de 1 000 francs CFA par personne de plus de 5 ans pénalisera les Ivoiriens aux revenus modestes. Par contre, ceux aux revenus plus importants et avec moins d’enfants contribueront moins. « Il y aura des insuffisances liées à la gestion du risque maladie, à la maîtrise des dépenses et à un régime non contributif » ajoute-t-il. Toutefois, à en croire les autorités en charge de la santé, l’effectivité de la mise en place de la CMU marquera la fin de la gratuité ciblée, qui est une phase transitoire.
Anthony NIAMKE